C’est un engagement humanitaire de plus de 10 ans que l’Ordre national de la Légion d’honneur vient de saluer en remettant la plus haute décoration honorifique au Dr Béatrice Cuzin, urologue aux Hospices civils de Lyon. En particulier son action tous azimuts auprès des femmes victimes de mutilations sexuelles, à la fois dans l’équipe du Pr Pierre Foldès, l’inventeur d’une méthode de réparation de l’excision et dans le cadre d’Équilibres et Populations, une association fondée par deux journalistes, le Dr Marie-Claude Tesson et Robert Toubon.
Une femme reconnue dans un monde d’hommes
« Cette décoration est une très belle reconnaissance sociale, se réjouit le Dr Cuzin. De mon engagement sur le terrain auprès des femmes bien sûr, mais de façon générale de la condition féminine. La parité hommes/femmes commence à rentrer dans les mœurs, comme l’atteste la liste de la Légion d’honneur cette année. » Béatrice Cuzin a été soutenue à des moments clefs de son parcours par des hommes, des médecins et des militaires sur le terrain. « Des hommes plus âgés comme le Pr Jean-Michel Dubernard, dit "Max", chef du service d’urologie et de chirurgie de la transplantation à Lyon, m’ont fait confiance et ont voulu me former sans concession "comme un homme". Quant à l’action militaire, c’est très gratifiant d’avoir pu la rallier à notre cause, comme au Cambodge et en Afrique. »
Une femme pour la cause des femmes
Tout a donc commencé aux Hospices civils de Lyon. Fidèle, elle y est toujours en poste, depuis plus de 20 ans maintenant. « J’ai commencé dans les années 1999-2000 au sein de la petite ONG créée dans le service, Formations sans Frontières. Nous recevions en formation de nombreux résidents de toutes nationalités dans le service. Mon action personnelle consistait dans des missions d’accompagnement, comme l’acquisition de matériel. » Puis, au fil du temps, à la faveur de rencontres et de divers diplômes de Santé Publique, l’action s’est recentrée auprès des femmes victimes de mutilations sexuelles dans des pays au système de santé défaillant. « Tout d’abord, je suis partie quatre ans de suite au Cambodge avec le service. J’ai fait en parallèle la connaissance du Pr Pierre Foldès avec qui je travaille depuis 4 ans maintenant avec une consultation hebdomadaire à Saint-Germain-en-Laye. En collaboration avec Armelle Andro, nous avons écrit ensemble un article sur la réparation de l’excision, dont la publication dans le « Lancet » l’année dernière a été une étape déterminante ».
Les mutilations sexuelles, la chirurgie mais pas que
Puis est venue l’adhésion à l’association Équilibres et Populations depuis 2-3 ans. « J’y suis responsable du groupe fistule génitale, explique l’urologue. Il s’agit d’un travail transversal qui vise à mobiliser tous les agents susceptibles de participer à la prise en charge des femmes ayant une mutilation sexuelle. C’est par exemple des actions de communication auprès des urologues pour les sensibiliser au problème. La prise en charge vise la réparation chirurgicale, mais pas seulement. La reconstruction psychique postopératoire et les actions de prévention sont tout aussi importantes. » La prochaine mission est programmée cet automne au Bénin. « Avoir été décorée renforce la fierté d’appartenance à un groupe. Une grande source d’énergie pour continuer à avancer. »
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