Le Dr Laurence Pecqueux, gynécologue libéral à Neuilly-Plaisance, revient d’une mission de trois semaines pour Gynécologie Sans Frontières. Présente depuis août dernier dans le camp de Zaatari, en Jordanie, auprès de réfugiés Syriens, l’ONG française missionnée par le Ministère des Affaires étrangères, envoie sur place des équipes médicales pour prendre en charge les femmes enceintes et les urgences gynécologiques.
C’est la guerre
« Les personnes arrivent surtout la nuit, au poste frontière situé à une vingtaine de kilomètres du camp de Zaatari, qui se trouve en Jordanie. Elles sont complètement désorientées, certaines n’ont que leurs vêtements sur elles, d’autres ne peuvent plus marcher… C’est assez effrayant ! » De sa première mission humanitaire, le Dr Laurence Pecqueux, 51 ans, gynécologue-obstétricien libéral, installée en région parisienne et à la maternité de l’Hôpital Privé Armand-Brillard, gardera cette image dure en tête.
À quelques kilomètres des deux tentes aménagées pour l’équipe de Gynécologie Sans Frontières (1), composée de deux médecins, de deux sages-femmes et d’un logisticien qui se relaient toutes les trois semaines depuis août dernier dans le camp de Zaatari, c’est bien la guerre. Des Syriens, surtout des enfants, profitent de la nuit et d’une pause plus ou moins forte dans les tirs effectués par les forces loyalistes pour atteindre la Jordanie.
21 accouchements en 3 semaines
Parmi ces milliers de réfugiés accueillis (actuellement, il y en aurait 28 000) dans ce camp, des femmes. « En novembre, 2 700 femmes enceintes et allaitantes étaient répertoriées. Nous avons recensé en moyenne neuf nouvelles femmes enceintes par jour », explique le Dr Pecqueux. « Le travail de la mission consiste à exercer une gynécologie de base, 24 heures sur 24, et les soins d’urgence, notamment auprès des femmes qui viennent d’arriver et que nous voulions pouvoir avoir en consultation dans les 24 heures suivantes », ajoute le médecin.
Durant les trois semaines de la mission, Laurence Lecqueux et ses collègues ont assuré 21 accouchements, dont une césarienne à l’hôpital militaire française tout proche. Parmi les difficultés médicales observées, le Dr Lecqueux note le grand nombre de malformations fœtales. « Mais, nous ne pouvions pas faire grand-chose car, en Syrie, on ne pratique pas d’IVG », précise-t-elle. Le transfert vers une maternité située à une dizaine de kilomètres était possible dans ces cas.
L’aide d’un psychologue
Aux problèmes médicaux, liés à la précocité des grossesses (« il y avait beaucoup de femmes très jeunes enceintes, j’en ai même vu une de 21 ans qui avait déjà huit enfants ! »), s’ajoutent les conséquences du conflit, surtout dans la zone de Deraa - un bastion de la contestation - d’où sont originaires un grand nombre de réfugiés de Zaatari. Les situations de femmes ayant déjà des enfants et étant enceintes, alors qu’elles viennent de perdre leur mari, ne sont pas rares.
« Nous avions la chance de pouvoir recourir à l’aide d’un psychologue militaire français pour beaucoup de problèmes, se félicite le gynécologue. Une femme disait avoir été violée dans une prison en Syrie et souhaitait la réfection de son hymen. Mais, j’ai demandé l’intervention du psychologue car il me semblait que cette femme exprimait là une grande souffrance. Nous pouvions aussi solliciter un psychiatre marocain, qui pouvait alors mettre en place une thérapie médicamenteuse. » Des prochaines missions sont programmées. Le dispositif se prolongerait jusqu’en mars.
(1) GYSF est la branche humanitaire du collège national des gynécologues et obstétriciens français et du collège national des sages-femmes françaises. www.gynsf.org. Appel à candidatures.
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