MÉDECINS SANS FRONTIÈRES (MSF) n’a pas reçu l’autorisation du gouvernement de Bachar Al-Assad pour intervenir en Syrie. L’ONG a néanmoins pu ouvrir trois hôpitaux dans le Nord du pays (gouvernorats d’Alep et d’Idleb), contrôlé par les rebelles. Le Dr Bernard Leménager, chirurgien viscéral tout juste retraité, est parti opérer un mois l’automne dernier, dans la première structure installée en juin 2012 près de la frontière turque : une villa de 8 pièces, avec salles d’opération, de stérilisation, de déchocage d’urgence, de réveil et de radiologie. Les consultations et pansements sont réalisés sur les balcons couverts autour de la maison, un appentis abrite une pharmacie et banque de sang. Les médecins sont « MSF », mais travaillent avec des infirmiers, sages-femmes, interprètes, ou gardiens syriens. « L’hôpital est à l’arrière du front. En octobre, on recevait des blessés de seconde main qui avaient été mis en condition sur les zones de combats. Ceux qui souffraient de plaies par balles avaient déjà leur drain thoracique », explique le Dr Leménager. Les patients étaient des combattants ou des civils victimes de balles perdues et de snipers. « Les explosions de mines ou d’obus provoquaient des lésions épouvantables, de grosses fractures ouvertes et délabrements des membres ». Après plus de 2 ans de guerre, l’hôpital doit désormais prendre en charge les civils déplacés qui n’ont plus accès aux soins courants. Un autre hôpital MSF, plus récemment installé, abrite une consultation de gynécologie-obstétrique. Des traitements pour les maladies chroniques, des centres de dialyse, et les vaccinations pour les moins de 5 ans se sont développés. Les membres d’MSF viennent aussi en renfort des hôpitaux clandestins tenus par les médecins syriens, parfois contraints de se déplacer au gré des menaces et des combats. « On était en contact avec eux. Ils font de l’urgence, posent des fixateurs, font de l’ostéosynthèse, de la laparotomie, de la chirurgie comme ils peuvent... Ils nous envoyaient des patients, et vice versa. Ils ont des problèmes d’approvisionnement. MSF fait des donations », explique le Dr Leménager.
En Jordanie, les enfants de l’espoir.
La Chaîne de l’Espoir, davantage tournée vers les soins de second recours pour les enfants, en est à sa 4e mission en Jordanie, où, selon l’ONU, 385 000 Syriens ont trouvé refuge, dont près de 250 000 enfants.
Fin janvier, 3 d’entre eux, âgés de 7 à 13 ans, ont été transférés en France pour y être opérés, l’un d’une pathologie cardiaque à Lyon, les deux autres à Paris, à la clinique Jouvenet où exerce le chirurgien réparateur Philippe Valenti, pour des interventions orthopédiques.
Le Dr Valenti revient d’Amman, où il a repéré à l’hôpital Dar Al Salam 5 enfants qui seront bientôt rapatriés en France, pour la pose de prothèses, une inégalité des membres inférieures, une reconstruction faciale... Il témoigne : « On a vu 65 enfants syriens de 6 mois à 18 ans, les 2/3 sont victimes de la guerre, notamment des snipers. On a vu des membres inférieurs déchiquetés par les mines, les supérieurs atteints par des kalachnikovs, et beaucoup de jeunes paraplégiques. J’ai vu un enfant accompagné par son père. Il avait perdu 4 autres enfants. Le petit racontait : "Je courrais à côté de ma sœur, et elle a sauté en l’air". La reconstruction ne sera pas que technique, mais aussi psychologique ».
À l’hôpital Dar Al Salam, des médecins Syriens réfugiés travaillent, pour des taches de coordination, avec les médecins Jordaniens. Ils n’ont pas encore l’accord des autorités jordaniennes pour exercer. Comme eux, la Chaîne de l’espoir attend des autorisations pour opérer sur place.
« La Jordanie ne peut pas tout couvrir. Chaque jour 30 ou 40 blessés syriens traversent la frontière », raconte le Dr Ismaël Moutawee, coordinateur syrien de la Chaîne en France. Plusieurs structures jordaniennes accueillent les victimes : des hôpitaux publics, mais certains manquent de places et de matériel, les hôpitaux de campagne français et marocains dans le camp Zaatari, où vivent plus de 120 000 personnes, et des hôpitaux privés, comme ceux de Dar Al Salam, l’hôpital islamique et l’hôpital universitaire du roi Abdallah, à Irbid, au nord d’Amman.
« Ce sont les donateurs syriens de l’étranger qui paient en très grande majorité les soins des blessés, en Turquie, au Liban, en Jordanie. Il nous faut beaucoup d’argent pour régler les hôpitaux, les médicaments, le matériel. Les besoins sont immenses », insiste le Dr Moutawee. La Chaîne de l’Espoir devrait partir bientôt en Turquie, pour évaluer la situation des enfants syriens déplacés. L’ONG espère accueillir 30 enfants en 2013.
*MSF - urgence Syrie, 75011 Paris ou www.msf.fr ; Pour aider au parrainage des enfants pris en charge par la Chaîne de l’espoir : don.chainedelespoir.org ou courrier au 96, rue Didot CS 11417, 75993 Paris Cedex 14.
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