Nancy (54)
Pr Raphaël Pitti
La Syrie depuis bientôt 20 mois subit une spirale de violence qui à déjà fait 35 000 morts, 250 000 blessés, plus d’un million de Syriens déplacés dans leur propre pays et plus de trois millions de personnes touchées, de manière directe ou indirecte, par la désorganisation sociale et économique qui découle de ce type de situation.
À cela va s’ajouter dans les prochaines semaines avec l’arrivée du froid une crise sanitaire qui touchera en tout premier lieu, les plus fragiles : enfants et personnes âgées. Il y a aussi des crimes abominables comme la violence faite aux femmes et aux petites filles – la plus jeune à 7 ans et les témoignages recueillis sont nombreux. Les médecins et infirmiers en Syrie sont empêchés d’accomplir leur devoir auprès des victimes… Ils sont menacés, torturés, tués. 80 médecins syriens ont déjà payé de leur vie. 700 sont portés disparus. À Alep, il ne reste que 7 médecins.
Les hôpitaux qui accueillent des blessés du conflit sont la cible des bombardements. Des postes médicaux avancés ainsi que des hôpitaux clandestins ont été créés par l’organisation médicale syrienne (UOSSM) mais eux aussi sont la cible des avions.
Durant mon séjour, en octobre, à 40 km au nord Alep dans la petite ville de Dana, l’hôpital après le bombardement était inutilisable et nous avons dû évacuer tous les patients et les blessés. Je suis alors allé sur la ville de l’Albab au nord Est d’Alep, dans un hôpital clandestin installé dans une villa, l’hôpital de la ville était déjà bombardé. J’ai quitté cet hôpital le 6 octobre. Le 17, celui-ci était à son tour entièrement détruit.
Les hôpitaux ne sont plus approvisionnés en équipements et en médicaments. Les patients chroniques (cancéreux, diabétiques, hypertendus, insuffisants rénaux...) n’ont plus le traitement nécessaire à leur survie. La situation est d’autant plus intolérable que le Président syrien, Bachar El Assad, est médecin, ce qui devrait l’engager dans le respect des valeurs de la vie humaine.
Les conventions de Genève sur le droit humanitaire ne sont pas respectées en Syrie. Les ONG sont interdites. Le Haut comité aux Réfugiés (HCR), la Croix Rouge Internationale et le Croissant Rouge ne peuvent pas travailler de manière indépendante. Ils sont sous la surveillance et le contrôle du ministère de la « Réconciliation »
Ce drame humain se joue sous nos yeux via les médias, dans l’impuissance politique internationale et la paralysie de l’ONU.
Les professionnels de santé syriens méritent que nous rendions hommage à leur courage et leur dévouement. C’est souvent au péril de leur vie qu’ils exercent leur vocation auprès des victimes dans le respect des règles d’éthique qui nous sont communes. C’est pourquoi je crois que nous devons marquer notre solidarité et que nous le manifestions auprès de nos élus, de notre gouvernement pour qu’ils interviennent sur le plan humanitaire par la mise en place de zones d’exclusions aériennes dans les zones déjà libérées.
Il faut que nous soutenions l’action de nos collègues syriens de l’UOSSM de toutes les manières que ce soit : collecte de médicaments, de matériels, de fonds, mais aussi de volontaires pour des missions médicales – urgentistes, anesthésistes réanimateurs, chirurgiens…
Honoraires : sortons de notre passivité !
Rennes (35)
Dr Thérèse Allainmat
En réponse au Dr Carter (« Haro sur le secteur I », dans le courrier des lecteurs du « Quotidien » du 24 octobre), je pense qu’il y a une solution pour les médecins qui veulent être totalement libres de leurs honoraires. Il y a le déconventionnement. C’est la seule manière de devenir vraiment indépendant et de pouvoir décider de ses tarifs. Le secteur II, en effet, est conventionnel. Donc si les médecins y possèdent des droits, ils ont aussi des devoirs à respecter.
Ceux qui ne veulent que des droits doivent quitter la convention. Si des médecins en ont vraiment le désir, rien ne les empêche de le faire. Cela ne concernera sans doute pas le plus grand nombre. Mais l’argent de la solidarité nationale qui n’ira plus vers ces médecins et leurs « clients » restera alors dans les caisses de la Sécu, argent qui pourra être redistribué vers le secteur I qui en a réellement bien besoin.
De cette revalorisation de base des actes cliniques dépend l’avenir du système de soin français. C’est ce secteur qui maintient encore (plus pour très longtemps) une bonne santé aux Français, même les moins favorisés, sur la majorité du territoire. Les jeunes ne pourront retrouver le goût de l’installation que lorsqu’il y aura eu une prise en compte politique et syndicale de cette nécessité de revaloriser le secteur I. En effet, tous les jeunes ne pourront pas s’installer en secteur II dans les beaux quartiers de Paris ou de quelques autres grandes villes, tandis que tout le reste de la France deviendrait un désert médical faute de revalorisation du secteur I.
Si une prise de conscience ne s’opère pas rapidement au niveau politique et syndical (donc chez les médecins), il va y avoir une hémorragie démographique de la profession encore plus grave que celle qui est prévue. Associée à la paupérisation accélérée de la société dans laquelle nous vivons, cela conduira à des problèmes sanitaires majeurs lorsque la génération de médecins ayant aujourd’hui autour de 55 ans partira en retraite sans pratiquement de remplaçants en secteur I.
À ce moment-là disparaîtra la médecine accessible financièrement à tous les malades même dans les villes petites et moyennes, partout en France.
Les médecins qui se prennent pour des « pigeons » se plaignent la bouche pleine, puisqu’ils sont les plus riches d’entre nous. Les autres se taisent, se croyant peut-être défendus par des syndicats qui ne font que les utiliser au profit de ceux toujours les mieux lotis. Il serait grand temps que nous sortions de notre passivité pour nous défendre, défendre les malades et l’avenir de la médecine française afin que notre système de soins ne prenne jamais l’allure du système américain. Pour cela il faut des médecins secteur I suffisamment bien payés.
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