Je reviens de Gidel au Sud-Khordofan, cette région du Soudan en conflit avec le gouvernement de Khartoum. J’y ai travaillé quelque temps dans le service de pédiatrie de l’hôpital « Mother of mercy », seul hôpital ayant un bloc chirurgical dans les Monts Noubas. Il a été bombardé le 1er mai 2014.
Là, j’ai vu des dizaines d’enfants souffrant de rougeole, dans un état gravissime. Vingt-huit d’entre eux y sont déjà morts en quelques semaines. Ce qui veut dire que probablement des centaines d’autres ont succombé dans des villages éloignés de tout centre de soins. La rougeole est une maladie évitable par la vaccination.
Les vaccins ne parviennent pas dans cette région pour des raisons politiques. Cette situation est inacceptable. L’UNICEF ne peut se contenter de ce simple constat et le sort des enfants ne saurait dépendre de pareils arguments.
Des ONG terrorisées
Les autres fléaux comme la malnutrition pourraient être contenus par une action efficace du Programme Alimentaire Mondial. Mais les agences des Nations-Unies sont absentes. Et les ONG sont terrorisées. L’aviation soudanaise a bombardé un hôpital géré par MSF, qui a depuis fermé tous ces programmes au Soudan. Le Soudan peu à peu devient un désert humanitaire, alors que près de 5 millions de personnes selon les Nations Unies auraient besoin d’une assistance !
Le gouvernement de Khartoum met un veto à toute aide humanitaire dans cette région contrôlée par le SPLM-nord, un mouvement d’opposition, mettant en danger vital des centaines de milliers de personnes. Cela n’est pas pris en compte par ceux qui administrent ce pays. Je ne vous rappellerai pas que les principaux dirigeants soudanais font l’objet d’un mandat d’arrêt international de la part de la Cour Pénale Internationale pour crimes contre l’humanité, et même crime de génocide pour le président Omar el Béchir. Les bombes tombent inlassablement sur les villages, les puits, les silos de récoltes et tous les centres communautaires, sans épargner les hôpitaux !
Je comprends bien la volonté des agences des Nations Unies de ne pas mettre en danger ce qui reste de leur travail auprès des populations vivant sous l’administration de Khartoum. Pour autant sauver des vies, notamment celles des enfants, constitue un devoir sacré. Et les choses ne peuvent en rester là.
Il existe sûrement des moyens pour contourner cette difficulté et financer par d’autres canaux et d’autres acteurs des programmes de vaccinations au Nil Bleu, au Sud-Khordofan, et au Darfour dans le Jebel Marra. C’est affaire de volonté et d’imagination.
Les enfants du Sud-Kordofan, du Nil Bleu et du Darfour attendent que l’UNICEF et les autres agences onusiennes fassent leur travail. Est-ce trop demander ?
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