Le Dr Ibrahima Maïga est incapable de dire quel est son pire souvenir de la période : lui poser cette question, c’est s’exposer à recevoir une pluie d’histoires toutes plus glaçantes les unes que les autres, un flot impossible à arrêter.
Il y a eu cette épidémie de paludisme autour de la ville de Diré, au sud de Tombouctou : quatre morts et le reste de la population alité, peu de médicaments pour leur venir en aide. Et puis ce jeune homme que les djihadistes avaient amputé de la main pour un menu délit, qu’il a fallu assister et soigner. Il y a aussi eu ce Touareg, exécuté par Aqmi, pour lequel la morgue a dû être ouverte au beau milieu de la nuit, sous une pluie battante. Sans parler de cette femme, Moye Traore, battue jusqu’au sang par un islamiste qu’elle avait osé gifler. Et puis cette autre, qui avait pris une balle tirée à bout portant près du cœur lors d’une marche de protestation.
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