« Nous assistons à une révolution dans le traitement du virus de l’hépatite C avec des molécules puissantes capables de guérir l’infection. Il n’est pas question que ces traitements qui peuvent sauver des millions de vies, ne soit pas universellement mis disponibles à un prix abordable ». Ces mots du Pr Françoise Barré-Sinoussi figurent en exergue d’une étude publiée par Médecins du monde.
Dans cette étude réalisée par Pauline Londeix* et Chloé Forette**, l’association s’inquiète de la stratégie annoncée par les laboratoires qui déclarent favoriser l’accès au plus grand nombre, via l’octroi de licences volontaires ou la pratique de prix différenciés.
Dans les pays à fort revenu
Parmi ces nouveaux traitements dits antiviraux à action directe (ADD), certains ont déjà été mis sur le marché, tel le sofosbuvir des laboratoires Gilead qui a reçu son AMM européenne (EMEA) en novembre 2013 et américaine (FDA) en décembre 2013. Dans les pays à revenu élevé, le traitement est disponible à des prix élevés : 650 euros le comprimé en France soit 54 600 euros par personne pour 12 semaines de traitement (aux États-Unis, les prix sont de 1 000 dollars US soit 720 euros le comprimé soit 80 000 à 90 000 dollars US soit 57 000 à 64 000 euros par personne pour 12 semaines de traitement).
« D’après les calculs effectués sur les données épidémiologiques de l’InVS/ANRS, le coût de l’administration de sofosbuvir à 56 % des 232 196 personnes atteintes de VHC chronique en France que l’on estime avoir besoin d’un traitement rapidement équivaudrait au budget 2014 de l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris ou à 4 fois le montant versé par la France au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme depuis 2011 », souligne les auteurs.
Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire
Dans les pays à revenu intermédiaire où vivent 72 % des personnes atteintes par le VHC chronique et dans les pays à faible revenu qui abritent 13 % d’entre eux, la situation risque d’être encore plus problématique et de conduire les pays à une « impasse ». Selon MDM, le prix annoncé par le laboratoire Gilead dans les pays à ressources limitées serait de 2 000 dollars (1 400 euros) minimum. Dans un pays comme l’Égypte qui compte 12 millions de personnes infectées par le VHC, cela correspond à 62 fois le budget alloué chaque année au programme national de prise en charge de l’hépatite C.
MDM qui regrette que l’Organisation mondiale de la santé n’ait « pas pris la mesure de la pandémie de VHC » estime qu’il convient de tirer les leçons de la lutte contre le VIH/sida pour laquelle ont été mises en place des stratégies efficaces qui ont permis de réduire les coûts des molécules et ont favorisé un accès universel aux traitements : recours aux flexibilités des accords ADPIC (licences obligatoires) et mise en concurrence des génériques.
*Conseillère technique pour MDM, cofondatrice d’Act up-Basel et conseillère pour l’association pour la coalition internationale pour la préparation aux traitements
** Chargée du plaidoyer réduction des risques, VIH et hépatites virales à MDM
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships