Face aux E. coli multirésistants

Ne pas passer à côté du diagnostic d’infection urinaire du nourrisson

Publié le 02/04/2015
Article réservé aux abonnés

La prise en charge des infections urinaires de l’enfant vient de faire l’objet de recommandations* actualisées édictées par le Groupe de Pathologie Infectieuse de la Société française de pédiatrie et la Société de pathologie infectieuse de langue française. Elle est à l’évidence compliquée par l’émergence de souches d’E. coli multi-résistantes. Par ailleurs, beaucoup d’antibiotiques utilisés chez l’adulte n’ont pas d’AMM chez l’enfant ou de galénique appropriée. Certains sont contre-indiqués.

Les ECBU faussement positifs

Un syndrome fébrile (plus de 39°) du nourrisson sans point d’appel s’il persiste au-delà de 48 heures doit indiquer de principe une bandelette urinaire. En présence de facteurs de risque comme l’âge (inférieur à 3 mois), des antécédents de pyélonéphrite aiguë doivent inciter à ce dépistage plus rapidement ou pour une fièvre plus modérée. « La bandelette est extrêmement sensible et le diagnostic d’infection urinaire est très improbable si nitrites et leucocytes sont négatifs, ce qui est le cas plus d’une fois sur deux », décrit le Pr Cohen. Dans 10 à 15 % des cas, les deux sont positifs et l’examen cytobactériologique des urines (ECBU) est alors indispensable pour l’identification du germe et l’antibiogramme. Enfin, des leucocytes sans nitrites (30 % des cas) obligent à des conditions de prélèvement de l’ECBU irréprochables. Or, « à cet âge, des premières années de vie, où l’incidence des infections urinaires est élevée, les mictions ne sont pas programmées et les poches à urines, si facilement souillées par la flore périnéale, sont loin d’être l’instrument de recueil idéal », regrette-t-il. Un grand nombre d’enfants sont ainsi traités à tort sur des ECBU faussement positifs.

Soit donc le résultat de l’examen d’urines est indiscutable, associant pyurie et une seule espèce bactérienne, et le traitement, guidé par l’antibiogramme, peut débuter ; soit il n’est pas suffisamment informatif (leucocyturie isolée ou multiplicité des germes), et doit par conséquent être interprété avec prudence, en fonction des enseignements de la bandelette faite au préalable, et d’autres techniques de recueil sont requises, sondage vésical ou ponction sus-pubienne. Quoi qu’il en soit, commencer une antibiothérapie n’est pas une urgence, sauf sepsis (fièvre et altération de l’état général).

Un traitement probabiliste, acceptable pour une cystite de l’adulte, est ici, dans ce contexte d’infection urinaire fébrile du nourrisson (une pyélonéphrite une fois sur deux), inenvisageable en raison du niveau de résistance bactérienne, des E. coli en particulier

Enfin, un reflux vésico-urétéral est fréquemment retrouvé, dans plus d’un tiers des cas après une première infection urinaire, dans 75 % en cas d’infections récidivantes. La cystographie rétrograde est le seul examen utilisable en routine qui dépiste la quasi-totalité de ces reflux. La plupart ne relèvent ni d’une antibioprophylaxie, ni d’un traitement chirurgical ou endoscopique. Ils guérissent spontanément dans l’immense majorité des cas. Seuls les reflux de haut grade (›III) peuvent constituer une indication à l’antibioprophylaxie et/ou à la chirurgie.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9400