Dr André Desseur* (CNOM) : inquiétude pour les médecins et les patients
« On ne peut que regretter que les professionnels de santé ne bénéficient pas d’une couverture vaccinale satisfaisante. C’est tout à la fois inquiétant pour leur propre santé, pour celle de leurs proches, et pour celle de leurs patients, auprès desquels ils risquent de devenir un vecteur supplémentaire de transmission du virus, s’ils sont eux-mêmes contaminés. Certains agitent des risques d’effets secondaires, en particulier neurologiques (syndrome de Guillain-Barré). Or, on peut considérer que le rapport bénéfice-risque a été évalué par les pouvoirs publics, qui ne se seraient pas engagés dans la voie de la vaccination de masse en l’absence de certitude. Certes, dans le domaine virologique, le A(H1N1)v est une nouveauté, mais dans le domaine vaccinal, les laboratoires usent d’un processus ancien et fiable. L’innocuité est censée avoir été testée. Dans ce contexte, les médecins se doivent de veiller à ne pas contribuer à diffuser des messages alarmistes. Il y aura suffisamment de problèmes liés aux accidents habituels lors d’une campagne de vaccination de masse : concomitance entre l’injection et l’émergence de pathologies dépourvues de lien réel avec le vaccin. »
* Membre du Conseil national de l’Ordre des médecins, chargé de la communication.
Dr Pierre Levy (CSMF)* : il faut attendre des informations sur le bénéfice-risque
« Personne ne conteste que la vaccination soit l’un des meilleurs moyens d’endiguer une pandémie comme celle qui s’annonce. Mais en l’état actuel des données scientifiques et médicales, force est de constater qu’il n’est pas possible de se prononcer sur le bénéfice-risque du vaccin. Comme syndicat, nous ne sommes pas habilités à évaluer la véracité scientifique des informations et nous attendons de disposer de plus d’éléments pour nous prononcer et relayer auprès de nos adhérents le message des autorités sur leur intérêt à se vacciner. La situation d’incertitude dans laquelle nous sommes actuellement facilite la circulation d’informations aussi anxiogènes qu’infondées, avec les habituels illuminés qui s’emparent de la question vaccinale. »
*Secrétaire général de la Confédération des syndicats médicaux français.
Dr Christian Jeambrun (SML)* : Joker sur ma propre vaccination
« Qu’un médecin refuse pour son propre compte d’être vacciné, c’est son affaire. Cela ne regarde que lui, dès lors qu’il agit de manière responsable, c’est-à-dire qu’il reste chez lui à partir du moment où il est s’estime contaminé et donc contagieux. En conscience, je n’ai pas à vous répondre sur mon choix personnel. Joker. Cela étant, je serai choqué par un médecin non vacciné qui se vanterait de refuser la vaccination. Dans un contexte pandémique national, il est impératif que tout le monde tire dans le même sens et délivre devant l’opinion une information cohérente et s’abstienne absolument d’interférer avec la communication officielle. »
*Président du Syndicat des médecins libéraux
Dr Thierry Lebrun (MG France)* : les cordonniers les plus mal chaussés
Même en l’état actuel des incertitudes, les médecins qui se focalisent sur les effets secondaires, en arguant d’un recul insuffisant et de l’attente des essais cliniques qui sont toujours en cours, adoptent une attitude un peu irresponsable : leur problème ne relève pas en effet de la protection individuelle, mais de la sécurité collective. En particulier, les médecins doivent veiller à ne pas disséminer le virus auprès des personnes fragiles qui sont, justement, celles qu’ils approchent constamment dans le cadre de leur activité de soignant. Et ils doivent avoir à cur de ne pas alimenter les psychoses qui se développent lors d’une pandémie. Le contexte est inédit pour beaucoup, mais la situation vaccinale des médecins n’est pas nouvelle : combien de médecins sont à jour de leur vaccin antitétanique ? Encore une fois, ce sont les cordonniers qui sont les plus mal chaussés ! »
*Vice-président de MG France
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