Surpoids des enfants

Du mieux mais les inégalités sociales persistent

Publié le 24/09/2010
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Crédit photo : AFP

DES INFORMATIONS ont été recueillies sur un peu plus de 23 000 enfants de grande section de maternelle des écoles publiques et privées de métropole et des DOM, en 2005-2006, à l’occasion du bilan de santé obligatoire avant l’entrée à l’école primaire. Il apparaît que 12,1 % des élèves de 5 à 6 ans étaient en surcharge pondérale, la part de l’obésité étant de 3,1 %. Les prévalences de surpoids et de l’obésité sont en recul par rapport à l’enquête réalisée auprès d’enfants du même âge en 1999-2000, où elles atteignaient respectivement 14,4 % et 3,4 %. « Cette baisse significative de la surcharge pondérale coïncide avec la mise en place en 2001 du premier programme national nutrition santé (PNNS) », indique l’étude de la DREES. Les filles sont plus fréquemment en excès pondérale que les garçons : 13,8 % contre 10,5 %. Cette différence était déjà observée lors de la première enquête.

Mais si le recul du surpoids et de l’obésité depuis 2000 concerne l’ensemble des élèves, la baisse observée en zone d’éducation prioritaire (ZEP) est plus faible qu’ailleurs : 15,9 % des élèves de ZEP sont en surpoids, contre 11,9 % pour ceux des écoles publiques hors ZEP et 9,2 % lorsque l’école relève du secteur privé. L’écart est encore plus marqué pour la prévalence de l’obésité (respectivement de 5,1 % contre 2,9 % et 1,8 %). De manière générale, en grande section de maternelle, les enfants dont le père est ouvrier sont 13,9 % à présenter une surcharge pondérale contre 8,6 % pour ceux dont le père est cadre. Les différences régionales sont également observées en 2006, avec des prévalences de surpoids nettement plus élevées dans les régions proches de la Méditerranée ainsi que dans celles les plus au nord et à l’est de la France.

Sédentarité.

Surpoids et obésité s’accompagnent souvent d’un mode de vie sédentaire, ont constaté les enquêteurs grâce aux informations sur le temps consacré aux jeux en plein air et passé devant un écran. « Ces comportements sont déjà très différenciés selon l’environnement et le milieu social dans lesquels l’enfant grandit. » Les jours avec école, 47 % des enfants d’ouvriers passent au moins une heure devant un écran, contre 24 % des enfants de cadre.

Les habitudes alimentaires sont, elles aussi, marquées par l’appartenance sociale : 94% des familles dont le père est cadre déclarent que leur enfant prend un petit-déjeuner tous les jours, contre 86 % pour celle d’ouvriers. Les enfants de cadre sont moins nombreux à consommer des boissons sucrées et mangent plus de fruits et de légumes. Dans les milieux plus modestes, « les messages de prévention sur la nutrition sont davantage perçus comme des injonctions contraignantes que comme des conseils, suscitant davantage de rejet que d’adhésion ».

Concernant le sommeil, la durée moyenne déclarée est d’environ 10 heures 45 pour les filles comme pour les garçons. Elle est donc supérieure aux 10 heures recommandées pour les enfants de cet âge. Les enfants d’ouvriers ont une plage de repos nocturne moyenne moins longue que les enfants de cadres.

Dépistage.

Un enfant de grande section de maternelle sur sept (14 %) porte des verres correcteurs, soit un peu plus qu’en 2000 (12,3 %). Cette proportion varie de 12,7 % pour les enfants scolarisés en ZEP à 13,9 % hors ZEP et 16,7 % dans le privé. « Pourtant, les troubles de la vision repérés à l’occasion de l’examen scolaire se révèlent plus fréquents parmi les élèves scolarisés en ZEP, ce qui témoignerait d’un dépistage antérieur moins fréquent. »

En2006,7,5 %des enfants de 5 à 6 ans avaient au moins deux dents cariées non soignées. Cette proportion a été réduite de deux points par rapport à 2000. La santé bucco-dentaire reste un marqueur indirect des inégalités sociales. Moins de 2 % des enfants de cadres ont au moins deux dents cariées non soignées contre 11 % des enfants d’ouvriers. Dans les écoles relevant de l’éducation prioritaire, 17 % des élèves présentent au moins deux dents cariées non soignées contre 6 % pour ceux scolarisés hors ZEP.

En revanche, la couverture vaccinale est plus élevée en ZEP pour la rougeole et l’hépatite B (moins de 40 % des enfants). « Cela pourrait s’expliquer pour partie par un recours plus fréquent de ces enfants aux services de PMI (…) et par une moindre défiance des milieux populaires à l’égard de la vaccination, notamment pour l’hépatite B. » Parmi les enfants pour lesquels le carnet de santé a été présenté, 96,5 % ont reçu au moins une dose de vaccin contre la tuberculose ; 96,4 % des élèves ont reçu les quatre doses du vaccin contre diphtérie, le tétanos et la poliomyélite ; 94,5 % ont reçu les trois primo-injections contre la coqueluche et un rappel. Quant au vaccin contre les infections invasives à Haemophilius influenza de type b, 89,2 % ont reçu les quatre doses recommandées. La couverture vaccinale contre la rougeole s’élève à 93,3 % pour la 1re dose; elle plus faible pour la seconde.

« Études et résultats », n° 737, DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), ministère du Travail, de la Santé et du Budget.

STÉPHANIE HASENDAHL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8822