Quel retentissement a eu la crise sanitaire sur le moral des Européens ? A-t-elle changé leur vision du système de santé ou des soignants ? Le groupe pharmaceutique allemand Stada — maison mère d'EG Labo — s'est penché sur le ressenti des citoyens de quinze pays lors de sa troisième étude internationale*.
Premier enseignement, la santé mentale des Européens a été ébranlée par la pandémie et les restrictions. Ainsi, 29 % des personnes interrogées déclarent que leur niveau d'anxiété a augmenté, et un quart indique être plus stressé et nerveux depuis le Covid. 15 % des Européens signalent des troubles durables du sommeil. Ce sont les jeunes qui sont les plus touchés par ces symptômes, confirme Stada. Le manque de contacts sociaux et l'éloignement familial ont affecté la moitié des sondés (52 %), devant la peur de contracter le Covid (42 %) et les répercussions financières et professionnelles (33 %).
Sur les 2 000 sondés dans l'Hexagone, 30 % déclarent que la pandémie les a rendus plus anxieux et 13 % se sentent même « au bord de l'épuisement ». Ces chiffres corroborent les résultats des enquêtes précédentes sur la dégradation de la santé mentale des Français, selon lesquels 31 % de la population a rapporté un état anxieux ou dépressif depuis le premier confinement.
La Sécu moins crédible que le NHS ?
L'enquête s'intéresse aussi à l'analyse de la gestion de la crise dans chaque pays. Constat encourageant, en dépit du choc subi, près des trois quarts des Européens se déclarent satisfaits de leur propre système de santé ; et 59 % pensent qu'il pourrait résister à une autre pandémie. Les Suisses et les Britanniques sont les plus satisfaits de leur organisation (91 %), suivis des Belges et Autrichiens (89 %) et des Français (85 %).
En revanche, seule la moitié des sondés dans l'Hexagone pense que notre système de santé et de Sécurité sociale serait suffisamment armé pour affronter et gérer une nouvelle pandémie (contre 74 % des Britanniques qui font confiance au NHS). Un Français sur cinq (21 %) pense même que notre système échouerait face à un choc de cette même ampleur. Parmi les autres nationalités, seuls les Polonais (35 %) sont plus pessimistes.
Point positif, l'image du corps médical ne s'est pas dégradée, au contraire. 68 % des habitants du Vieux continent se disent très confiants dans la médecine conventionnelle (74 % en France) et près des trois quarts se fient aux médecins sur tous les sujets de santé (60 % aux pharmaciens et autres scientifiques). Les autorités politiques, en revanche, ne récoltent que 7 % des voix… In fine, 81 % des Européens estiment que les soignants (médecins et paramédicaux) sont les acteurs qui ont « le plus aidé à vaincre le Covid », avis partagé par 88 % des Espagnols, 82 % des Italiens et 77 % des Français.
Besoin d'interaction
Le Covid a changé les regards sur la télémédecine, mais pas forcément dans le sens attendu d'un plébiscite. Aujourd'hui, les Européens sont moins nombreux à envisager une téléconsultation (57 %) qu'en 2020, où ce score était monté à 70 % ! Selon l'enquête Stada, cette érosion relative de l'appétence pour les consultations à distance peut s'expliquer par le besoin d'interaction directe avec son médecin mais aussi par une forme de lassitude du virtuel après un an de crise. En France, 53 % des personnes interrogées envisagent d'être soignées via une téléconsultation pour un problème de santé mineur, mais 30 % refusent ce cas de figure pour privilégier le contact direct avec leur médecin.
L'étude confirme enfin le renoncement massif aux soins des patients. Consultations de médecine générale ou spécialisée, opérations non urgentes, suivi : 28 % des sondés ont annulé un rendez-vous médical pendant la pandémie. Les Français sont 20 % dans ce cas de figure dont 12 % pour des examens préventifs et 8 % pour un suivi de maladies chroniques. « Nous avons aussi observé la baisse de consommation de médicaments, notamment pour le cancer et les maladies chroniques, confirme Peter Goldschmidt, PDG de Stada. En tant que laboratoire pharmaceutique, nous aurions pu mieux agir sur ce renoncement aux soins et la peur d'aller chez le médecin. »
*Étude réalisée en ligne par Kantar en mars/avril 2021 auprès de 30 000 personnes dans 15 pays (Autriche, Belgique, République tchèque, Allemagne, France, Italie, Pays Bas, Pologne, Portugal, Russie, Serbie, Espagne, Suisse, Ukraine et Royaume-Uni).
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