« Emmerder les non-vaccinés » : après les propos d'Emmanuel Macron, l'opposition s'indigne, les soignants comprennent

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Publié le 05/01/2022

Crédit photo : AFP

« Électrochoc » pour le gouvernement, indignité pour ses opposants : en disant vouloir « emmerder » les non-vaccinés, Emmanuel Macron a déclenché un tumulte, en plein examen du projet de loi sur le passe vaccinal à l'Assemblée nationale.

« Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie », clame le chef de l'État dans un entretien paru dans « Le Parisien », mardi soir. « En démocratie, le pire ennemi c'est le mensonge et la bêtise », indique-t-il, faisant référence au mouvement antivax. « Le fait même qu'on se pose la question du refus de soins pour des gens non vaccinés (...). C’est l'immense faute morale des antivax : ils viennent saper ce qu'est la solidarité d'une nation. Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n'est plus un citoyen », a également déclaré Emmanuel Macron.

Ces propos ont mis le feu aux poudres à l'Assemblée, alors que les débats sur le passe vaccinal, suspendus une première fois dans la nuit de lundi à mardi, ont repris mardi soir. Après de multiples suspensions de séance et une demande, vaine, des oppositions de voir le Premier ministre Jean Castex dans l'hémicycle, les débats ont de nouveau été suspendus et devaient reprendre cet après-midi. Le gouvernement espère faire entrer en vigueur le passe vaccinal le 15 janvier.

« Électrochoc »

Solidaires, les membres du gouvernement ont défendu les propos du chef de l'État. Pour le ministre chargé des relations avec le Parlement Marc Fesneau, ils vont « produire un électrochoc » pour les non-vaccinés qui sera « salvateur ». Pour le ministre de la Santé Olivier Véran, interpellé par les députés, il s'agit avant tout « d'une intention de protection de la population ».

Pour l'urgentiste Thomas Mesnier, député LREM de la Charente, le chef de l'Etat a exprimé de façon « cash » ce que nombre de Français ressentent.  

En revanche, l'opposition et les candidats à la présidentielle ont fustigé des propos « insultants ». « Réunir la France… », a laconiquement tweeté la candidate PS à la présidentielle Anne Hidalgo ; « faute politique » pour le candidat EELV Yannick Jadot, et pour le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon, « aveu sidérant » : « Le passe vaccinal est une punition collective contre la liberté individuelle ». À droite, la candidate LR Valérie Pécresse se dit « indignée » et appelle à mettre fin « au quinquennat du mépris ». À trois mois de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron « tombe dans le camp des populistes avec Marine Le Pen et Éric Zemmour », a accusé mercredi le patron des députés LR Damien Abad.

Soignants « exaspérés »

Quant aux médecins, ils condamnent sur la forme mais sont d'accord sur le fond. Interrogé sur BFM-TV, l'infectiologue Éric Caumes dit « comprendre » ce dérapage « probablement contrôlé » d'Emmanuel Macron, soulignant « l'exaspération » des soignants face aux non-vaccinés. « En tant que citoyen je suis un peu plus surpris, mais c'est la campagne électorale qui a débuté », a souligné le Pr Caumes.

Le Pr Rémi Salomon, président de la CME de l'AP-HP s'est également dit « un peu surpris, comme tous les Français, de ce ton-là ». « Mais (...) ces gens nous mettent, par leur refus de la vaccination, dans une difficulté extrême. Les soignants sont empêchés de prendre correctement en charge les autres patients, a-t-il souligné. Il y a une incompréhension. Si tout le monde était vacciné, il n'y aurait pas de crise sanitaire, on aurait très peu de formes graves. »

Même réaction sur Twitter pour le Pr Yonathan Freund, urgentiste à la Pitié-Salpétrière (AP-HP), qui estime que les actes des non-vaccinés ont « des conséquences ».


Source : lequotidiendumedecin.fr