Après un an d’âpres négociations, les kinés ont signé vendredi un avenant à leur convention avec l’Assurance-maladie, actant 530 millions d’euros de revalorisations annuelles, en contrepartie d'un tour de vis sur leur liberté d'installation. Les négociations avec les masseurs-kinésithérapeutes libéraux avaient été interrompues au printemps, avant de reprendre pendant l’été. Juste avant Noël, l'Assurance-maladie se félicite d'un « avenant historique ».
Ces 530 millions d’euros viennent revaloriser l’acte principal des kinés, qui passe de 16 à 18 euros. De nouveaux actes, liés à la perte d’autonomie ou aux enfants handicapés, seront remboursés et les indemnités forfaitaires de déplacement des kinés revalorisées.
Régulation à l'installation
Mais cette enveloppe n’est pas sans conséquence. En contrepartie, le seul syndicat signataire – les deux autres avaient refusé après consultation de leurs adhérents – la FFMKR a concédé « une régulation renforcée » de l’installation des kinés, alors que les effectifs ont bondi de 20 % en six ans – 61 000 libéraux en 2015, presque 73 000 aujourd'hui, précise la Cnam. Aussi, pour « réduire les très fortes inégalités d'accès aux soins de kinésithérapie », les zones dites « non-prioritaires », où prévaut la règle d'une arrivée pour un départ, seront étendues à un territoire couvrant 30 % de la population, contre 22 % actuellement.
Les futurs étudiants, qui sortiront d'école à partir de 2028, devront en outre effectuer les deux années suivant leur diplôme en salariat – en établissement sanitaire ou médico-social – ou en zones « sous-dotées » ou « très sous-dotées », pour ensuite espérer être conventionné « sur une autre zone », indique la Cnam.
« Colère immense » chez les jeunes kinés
Sans surprise, la mesure est loin de faire l’unanimité dans la profession. La Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (Fnek) a vivement réagi, avertissant d’une « colère immense » chez les jeunes kinés. « Le futur de la profession est vendu pour deux euros », tacle la Fnek, qui craint que les étudiants ne fuient vers l’étranger. Une peur qui fait écho à celle des étudiants en médecine, mobilisés depuis plusieurs semaines contre le projet d’une 4e année d’internat de médecine générale, à effectuer « en priorité » dans les zones sous-denses. Même l’Ordre des kinés s’est inquiété de cette coercition, craignant de « sacrifier » la future génération de kinés, « en acceptant de les isoler dans des zones sous-dotées, ou dans des établissements de santé sans compagnonnage ».
Mais la FFMKR, première organisation de la profession, assume les nouvelles contraintes à l'installation et y voit « un signal fort adressé aux patients et (aux) acteurs politiques », à quelques semaines de l'examen d'une proposition de loi de Stéphanie Rist sur l'accès direct à plusieurs professions de santé – dont les kinés justement.
Nouvel accès direct pour les orthoptistes
Dimanche, dans un autre registre, ce sont les orthoptistes qui ont pour leur part bénéficié d’un nouvel accès direct. Un arrêté publié au Journal officiel entérine la création de deux nouveaux actes pour ces paramédicaux : la « possibilité pour l'orthoptiste de réaliser, sans prescription médicale préalable, des actes de dépistage de l'amblyopie auprès des nourrissons âgés de 9 à 15 mois et des actes de dépistage des troubles de la réfraction auprès des enfants âgés de 30 mois à 5 ans », indique ce texte issu de l’avenant 15 à la convention des orthoptistes. Le dépistage de l’amblyopie sera rémunéré 20 euros et 21,80 euros pour celui des troubles de la réfraction. En cas de dépistage positif, l’orthoptiste devra orienter l’enfant vers un ophtalmologiste.
Cette nouvelle délégation de tâches, inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécu pour 2022, avait il y a un an provoqué la colère des syndicats de médecins, la jugeant « absurde, dangereuse et inutile ». Ophtalmos et étudiants étaient descendus dans la rue en octobre 2021 pour réclamer la suppression de l’article, sans succès.
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