À 32 ans, la Dr Florence Roger se lance pour la première fois dans la course électorale, à 5 550 km du Palais Bourbon. Candidate de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) pour les Français d’Amérique du Nord — circonscription qui regroupe les États-Unis, le Canada et Montréal où elle vit — la généraliste a fait ses premiers pas militants de l’autre côté de l’Atlantique. C'est durant son internat à Toulouse que Florence Roger s’engage rapidement auprès du syndicat d’internes local. Après une thèse sur le burn-out des carabins, « sujet encore trop souvent nié par la profession », la généraliste originaire d’un petit village proche de la préfecture de Haute-Garonne intègre en 2017 une maison de santé près de Montauban, « en plein désert médical ». « À peine thésée, je décide de me syndiquer auprès de MG France », se souvient-elle, toujours encartée à la centrale.
Il y a un an, la jeune femme fait ses valises pour suivre son conjoint à Montréal. Dans la mégalopole québécoise, elle intègre le groupe de la France insoumise, avec une motivation première : l’écologie. Celle qui se décrit comme « éco-anxieuse » voit dans les propositions de Jean-Luc Mélenchon le programme « le plus ambitieux, qui rend la justice sociale indissociable de la justice écologique ». « La crise écologique m’empêche de dormir, c’est la seule raison pour laquelle je m’expose politiquement », raconte Florence Roger.
À l’Assemblée, la généraliste de Montréal — où Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête avec 34,7 % des suffrages — entend porter haut les couleurs de l’alliance de gauche. « Nous souhaitons inscrire dans la constitution la "règle verte", qui impose de ne pas prélever sur la nature davantage que ce qu’elle peut reconstituer, faute de quoi les gros pollueurs devront payer le prix fort », souligne Florence Roger. Le milliard d’euros promis aux associations féministes pour lutter contre les violentes faites aux femmes, « terrifiantes », l’ont aussi convaincu de rejoindre la Nupes.
« Privatisation rampante »
Baignée dans une famille « très imprégnée politiquement par le parti communiste », Florence Roger s'alarme de l'avenir du système de santé français « qui se meure, en ville comme à l’hôpital ». « Il faut arrêter le sous-investissement chronique dans le secteur public », alerte celle qui craint « une privatisation rampante », qui n’est pas sans lui rappeler le système nord-américain. Suppression de la T2A, investissement massif dans l’hôpital mais aussi fin de la rémunération l’acte — « trop productiviste » — pour les libéraux figurent parmi les propositions qu'elle assume. Pour autant, elle précise qu'en matière de lutte contre les déserts médicaux, « la coercition ne sera jamais une solution ». La trentenaire préfère « repenser le système », en déchargeant par exemple les praticiens des certificats médicaux inutiles.
Un an après son arrivée sur le sol québécois, la généraliste attend toujours d’obtenir son équivalence pour exercer à Montréal. Celle qui a choisi la médecine gé « comme une évidence », ne craint, en souriant, qu’une chose si elle est élue : « devoir renoncer à exercer pendant cinq ans ! ».
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