Masques, tests de dépistage et primes aux soignants : sous l’effet de la crise sanitaire, les dépenses courantes de santé au sens international (DCSi) ont sensiblement augmenté dans les pays européens de l’OCDE entre 2019 et 2020, à l’exception de la Belgique (-3,3 %), selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).
La Tchéquie arrive en tête du classement, devant la Hongrie et Royaume-Uni (+15,7 %), loin devant les Pays Bas (+8,1 %), l’Allemagne (+6,3 %), la France (+3,9 %) et l’Italie (+2,6 %).
4 150 euros par habitant en France
Dans l'hexagone, les dépenses de santé ont augmenté de 150 euros par habitant en 2020 (+1,1 point de PIB), beaucoup moins qu'au Royaume-Uni, où cette dépense était en hausse de 500 euros (+2,1 points de PIB), 300 euros pour l'Allemagne. À l’inverse, la hausse de dépense par habitant était d'à peine 50 euros en Slovaquie et en Suisse, contre une diminution de 150 euros en Belgique.
Au total, ce sont les Helvètes qui présentent la dépense la plus élevée globale en 2020 : 5 450 euros par habitant dédié à la santé, devant l’Allemagne (4 950 euros) et la Norvège (4 850 euros). « La France se situe au neuvième rang des pays de l’échantillon étudié, avec une dépense de santé de 4 150 euros », précise la Drees.
Le coût exorbitant des masques
Si la Belgique a vu sa dépense de santé régresser durant la période, c'est avant tout parce que le pays n’a pas comptabilisé, dans le calcul de la DCSi, les indemnisations versées aux professionnels de santé. La Belgique a par ailleurs interdit les nouvelles admissions en maison de retraite pendant la crise, ce qui a fait chuter le volume de soins de longue durée.
Cette hausse européenne de la DCSi s’explique essentiellement par les dépenses exceptionnelles liées à l’épidémie de Covid, en raison notamment de l’acquisition des équipements rendus indispensables par la crise sanitaire. La France a par exemple consacré 3,9 milliards d’euros à l’achat de masques en 2020 et 0,7 milliard aux équipements de protection individuelle, soit un total de 4,6 milliards d’euros. La Drees précise que la majorité de ces dépenses ont été couvertes par une dotation exceptionnelle versée à Santé publique France. À noter que l’acquisition de 1,9 milliard d’euros de masques supplémentaires n’a pas été pas comptabilisée dans le calcul, puisqu’ils n’ont pas été consommés.
Recours massif aux consultants
De son côté, le Royaume-Uni a consacré environ 16,5 milliards d’euros à l’achat de masques et équipements de protection individuelle, stocks compris, dont une consommation effective de mars à fin octobre 2020 estimée à 11,2 milliards d’euros. « Selon l’administration britannique, cette dépense extrêmement élevée s’explique par des erreurs de gestion en matière de planification des achats », précise la Drees.
Quant à la mise en place du dispositif national de dépistage et de suivi des malades, le « Test and Trace System », elle est évaluée au Royaume-Uni à environ 4,8 milliards d’euros pour l’année 2020. Ces dépenses dépassent largement celles de la France (2,7 milliards d’euros) et de l’Allemagne (1,4 milliard d’euros) pour les tests de dépistage et le suivi des malades.
Comment expliquer cette différence de taille entre pays voisins ? Les fonds publics ont été alloués aux centres de test et aux laboratoires britanniques. Quant aux professionnels de santé anglais, ils n’ont pas été remboursés en fonction du nombre de dépistages effectués, puisqu’ils ont bénéficié d’une enveloppe globale destinée à assurer une capacité de tests. Comme en France, les parlementaires britanniques critiquent le recours massif à des consultants pour construire l’architecture du système et l’administrer. Quant aux tarifs accordés aux laboratoires de ville, ils sont restés en France nettement supérieurs à ceux pratiqués dans d’autres pays, selon un rapport de la Cour des comptes.
Hausse des coûts salariaux
Enfin, les rémunérations des personnels soignants ont augmenté en 2020, en raison des recrutements d’urgence effectués pour faire face à la crise, mais aussi des primes ou des revalorisations salariales accordées aux soignants ou au personnel des maisons de retraite, analyse la Drees.
En Angleterre, les coûts salariaux ont augmenté de 2,3 milliards d’euros sur la période allant jusqu’à octobre 2020, alors que c'est pourtant le seul pays du Royaume-Uni à n'avoir versé aucune prime aux soignants. Des dépenses similaires à la France : 2,4 milliards d’euros de primes (hors mesures du Ségur de la santé, entrées en application en fin d’année 2020) ont en effet été versés aux soignants en première ligne face à l’épidémie, que ce soit à l’hôpital ou en maison de retraite.
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