LA MORTALITÉ par grippe, maladie hautement épidémique, est marquée par de très larges fluctuations, souligne France Meslé dans son étude*. En 1918-1919, la grippe espagnole a causé 200 000 décès directs et problablement 200 000 de plus à cause des complications, notamment respiratoires. On n’a heureusement jamais connu à nouveau une telle hécatombe mais, jusqu’à la fin des années 1960, on recensait de 10 000 à 20 000 victimes par an, et 27 000 l’hiver 1968-1969 avec la grippe de Hong-Kong. Par la suite, si les épidémies n’ont pas disparu, le risque de décès a été considérablement réduit et en 2005, année de la dernière épidémie importante en France, le nombre de décès directs n’a guère dépassé le millier.
Pour France Meslé, c’est bien la politique de vaccination qui est à l’origine de cette évolution. Le premier vaccin vraiment efficace, mélange de diverses souches, est apparu dans les années 1970 et a été largement diffusé. C’est le moment où la mortalité s’effondre, en France, comme au Royaume-Uni ou au Japon, notamment. L’effort ne se relâche pas, note la chercheuse de l’INED, avec une politique affirmée de protection des individus à risque : dès 1985, la gratuité de la vaccination est proposée aux 75 ans et plus, limite d’âge abaissée à 70 ans en 1989 puis 65 ans en 2000. Au Japon, en revanche, le recul de la mortalité a cessé, avec même une légère hausse dans les années les plus récentes, la grippe ayant été supprimée de la liste des maladies nécessitant une vaccination en 1994 ; dans les années 2000, cependant, des campagnes ont été lancées à destination des 65 ans et plus.
Les chiffres de la mortalité en fonction des âges sont non moins intéressants. Les pandémies, qui correspondent à l’apparition d’un nouveau virus (H1N1 en 1918, H2N2 en 1957, H3N2 en 1968) ont un fort impact sur les jeunes, les personnes âgées pouvant avoir déjà été en contact avec un virus dont la structure se rapproche au moins en partie de celle du nouveau virus. Cela a été aussi le cas de l’épidémie de grippe A(H1N1)v, peu meurtrière (312 décès), mais avec trois-quarts des décès chez des moins de 65 ans.
France Meslé conclut que l’indéniable succès de la vaccination peut être remis en cause du jour au lendemain par l’apparition de nouvelles souches virales. Le succès dépendra alors « de la rapidité avec laquelle un vaccin adapté pourra être mis au point et largement diffusé. De ce point de vue, l’alerte de 2009-2010 a pu servir de répétition générale. »
« Population & Sociétés » n°470, septembre 2010.
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