La santé (très) dégradée des soignants : bilan chiffré préoccupant, le ministère promet des premières mesures d'urgence fin juin

Par
Publié le 24/05/2023
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : Phanie

Alors qu’une mission nationale sur la santé des soignants a été lancée début janvier, Agnès Firmin Le Bodo a dévoilé les premiers résultats de la vaste concertation nationale sur le sujet lancée en mars. Faut-il y voir un signe ? Plus de 50 000 professionnels (des secteurs de la santé, du social et du médico-social) ont répondu au questionnaire adressé.

77 % des soignants estiment ne pas dormir assez

Les résultats sont très préoccupants. 63 % des blouses blanches estiment que leur état de santé n’est pas bon – réponses incluant les items « très mauvais », « mauvais » et « assez bon ». Un score qui se reflète dans la perception de la qualité de « leur vie actuelle ». 53 % décernent une note inférieure à 7 sur 10. Parmi les causes, les répondants avancent en premier lieu le manque de sommeil puisqu'ils sont 77 % à déclarer « ne pas dormir suffisamment ». Près de trois quarts d'entre eux (71 %) estiment aussi que le niveau de stress lié à leur activité professionnelle est supérieur à 6 (sur une échelle de un à dix).

Les soignants se soignent mal : 14 % des professionnels de santé déclarent ne pas avoir de médecin traitant, un problème déjà bien documenté. Et sur le volet de la médecine du travail, seulement 11 % des répondants y ayant accès jugent que leur dernière consultation auprès de ces services spécialisés « a eu un impact positif ».

Sensibilisation, formation

En attendant la présentation fin juin des « premières mesures » d'urgence de la feuille de route « pluriannuelle » pour améliorer la santé des soignants, Agnès Firmin Le Bodo a dévoilé, au salon Santexpo, les quelques thématiques jugées prioritaires.

Sensibilisation et formation sont au premier plan : des programmes spécifiques seront mis sur pied pour accompagner les soignants, les représentants du personnel et le management « à la gestion du stress, à la promotion de la santé et à la prévention des risques psychosociaux ».

Le ministère juge aussi nécessaire l’amélioration de l’environnement professionnel de ceux qui soignent, ce qui passe, entre autres, par une meilleure organisation du temps de travail et la « reconnaissance du temps travaillé ». Ce dernier point est notamment une revendication centrale des praticiens hospitaliers et des internes.  

Centres dédiés, réflexion sur le recours à l'automédication

Agnès Firmin Le Bodo veut également mettre l’accent sur la prévention en améliorant l'accès aux soins des soignants eux-mêmes, à travers la réalisation de bilans de santé réguliers, l'accès facilité à la médecine du travail pour les libéraux et « des horaires de consultation adaptés à l’emploi du temps des professionnels de santé ».

Le ministère promet également une réflexion sur « le recours à l'automédication », une assistance psychologique via des centres dédiés, une ligne téléphonique et une plateforme en ligne avec des ressources spécifiques.

L'exécutif veut enfin investir dans la recherche sur la santé des soignants, qui manque de sources documentées et actualisées. Il s'agit d'améliorer la compréhension collective des « causes et des effets des problèmes de santé mentale et physique » liés à l’activité professionnelle des soignants et ce, dès les premières années de leur formation. Enfin, les pouvoirs publics comptent approfondir la réflexion sur l’extension du principe « d’assistance dans l’adversité », qui repose sur la notion de pair-aidance et de confraternité.

En attendant les premières mesures de la feuille de route fin juin, les agences régionales de santé (ARS) devront dresser de leur côté un état des lieux des actions existantes et désigner, en leur sein, un référent spécifique sur ces thématiques.


Source : lequotidiendumedecin.fr