« L’art en tant que tel n’a jamais rien guéri. Mais dans un lieu de soins, le but de l’art-thérapie, c’est de donner envie d’aller mieux », résume Richard Forestier, responsable du Centre d’études supérieures de l’art en médecine à l’école d’Art-thérapie de Tours (Afratapem) où se tient jusqu’à samedi un congrès international sur cette discipline. « L’art-thérapie est une pièce dans le puzzle de la prise en charge qui s’inscrit dans le cadre d’une équipe pluridisciplinaire », souligne Richard Forestier.
Art-thérapeute diplômée d'université, Emily Rochard exerce à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière au sein du service du service de soins de suite et réadaptation neurologique du Pr Sophie Dupont. « Je fonctionne sur indication médicale, pour relancer et maintenir la motivation du patient, apaiser les tensions anxiogènes, agressives, proposer un moment de répit, restaurer la confiance en soi voire renouer le dialogue entre soignant et soigné », explique-t-elle.
Pour illustrer son travail, l’art-thérapeute évoque le cas d’une femme hospitalisée deux mois à la Pitié en SSR neurologique suite à un AVC ischémique hémisphérique gauche, avec un score d’autonomie de 80 sur 100, un niveau de déficit neurologique modéré, une invalidité modérée et un syndrome dépressif. « La prise en charge en ergothérapie était devenue difficile du fait de ses humeurs, avec un manque de coopération », raconte Emily Rochard.
Le plaisir, un catalyseur
À raison d’une à deux séances hebdomadaire(s) de 30 minutes à une heure durant six semaines, l’art thérapeute accompagne ici la patiente dans des activités d’arts plastiques. « La prise en charge consiste d’abord en une approche sensorielle : elle aime la peinture mais elle ne sait pas comment faire. Il y a donc un temps pour expérimenter : elle savoure le mélange des couleurs, les odeurs, l’aspect tactile, la composition avec le choix des formes simples… Tout cela va conduire à du plaisir, des gratifications sensorielles, une valorisation des capacités préservées pour aborder la suite avec plus de confiance », détaille Emily Rochard.
« L’art thérapie est un moyen d’évaluer les capacités et incapacités de la personne dans le cadre d’une stratégie thérapeutique et d’objectifs définis en amont, dans un processus dynamique d’évaluation », ajoute-t-elle.
Des résultats tangibles
À l’issue des six semaines de prise en charge de cette patiente, les résultats sont là : « Le psychiatre note une amélioration clinique, la patiente s’engage à faire de la relaxation et le traitement anti-dépresseur est réduit. La psychologue constate une disparition des envies suicidaires et un comportement positif. Le kiné et l’ergothérapeute relèvent de gros progrès au niveau de la marche et de l’équilibre », rapporte l’art-thérapeute.
Le congrès international Tours est l’occasion de rendre compte des mécanismes qui entrent en jeu dans cet accompagnement des malades par l’art. « L’objet du congrès est de passer à l’étape au-dessus au niveau de l’évaluation, avec des projets de recherche mis en place dans le champ de l’art thérapie », confie Richard Forestier, par ailleurs membre du comité scientifique qui coordonne l’évènement.
« C’est relativement nouveau. Il faut que l’on détermine des sites d’action, des items d’observation précis et que l’on mette en place des stratégies », ajoute-t-il. Parmi les séances plénières programmées samedi, Emily Rochard présentera avec le Pr Chiara Zavanone, neurologue à la Pitié Salpêtrière, les premiers résultats d’un protocole de recherche en art-thérapie chez des patients hospitalisés à la suite d’un AVC récent.
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