UNE TRENTAINE de rassemblements ont été organisés aux quatre coins de la France ce week end (à Champagnole, Manosque, Belfort, Alès, Avignon...), à l’appel de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité. « Les restructurations s’accélèrent : la loi Bachelot est appliquée avant d’être discutée, déplore Michel Antony, président de la Coordination . Nous demandons un moratoire sur les fermetures de services, le retrait de la loi Bachelot, et l’ouverture d’un vrai débat ».
Samedi, des médecins universitaires et hospitaliers ont publié une lettre* à Nicolas Sarkozy dans le journal Le Monde. Une lettre (voir le Quotidien du 27 janvier) qui demande le report du volet hospitalier de la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires). « Cette loi est une petite loi, avec une vision purement gestionnaire. Une loi qui vise à donner le pouvoir aux directeurs d’hôpital, tout en les fragilisant. Une loi qui consacre l’hôpital-entreprise. Il faut une vraie loi hospitalière », estime l’un des 500 signataires, modérément confiant quant à la possibilité d’être entendu. « On arrive un peu tard, c’est vrai ».
Le Parlement débute l’examen du projet de loi Bachelot dans quinze jours. Plusieurs syndicats médicaux, ces dernières semaines, ont pris position en demandant de profonds aménagements, voire le retrait pur et simple du texte. Pour le gouvernement, demain sera une journée test. « Un malaise va s’exprimer, la mobilisation sera probablement plus forte que par le passé, anticipe une source gouvernementale. Une pétition de 400 médecins, quand la France compte plus de 200 000 médecins, ne pose pas de problème. Une forte mobilisation sociale doit en revanche être écoutée, et comprise ».
L’UMP en action
Une grève dure à l’hôpital ne chamboulerait pas le calendrier parlementaire, pas plus qu’elle ne remettrait en cause le fond de la loi HPST, assure cette même source : « Cette loi est une bonne loi, mais elle est technique et peu audible, y compris pour les connaisseurs. Cela explique que la ministre de la Santé soit en difficulté pour vendre sa réforme. Et cela laisse libre court au fantasme ou à la désinformation : ici on agite la menace d’une privatisation, là on parle d’étatisation. La mobilisation de demain permettra d’apprécier si la loi est mal comprise. Auquel cas il faudra éventuellement adapter les plans de communication ».
L’UMP joue dès à présent de ses relais pour tenter de lever les résistances, nombreuses. Le Dr Michel Hannoun, président de la fédération UMP des métiers de santé, se rend de réunion en débat pour, dit-il, « faire comprendre l’esprit de la loi ». Les parlementaires ne sont pas nécessairement les plus faciles à convaincre. Y compris ceux de la majorité. « Le rôle de l’UMP est de clarifier les ambiguïtés véhiculées, les rumeurs et les idées fausses, expose Michel Hannoun. Certains députés ont une vision globale de la réforme, mais d’autres, et cela peut se comprendre, sont préoccupés par une situation locale - la menace sur un petit hôpital, par exemple. Chaque fois que cela est nécessaire, nous rassurons ». L’opération est-elle efficace ? Impossible à dire. D’autant que les amendements seront sans doute, pour la première fois, limités en nombre. Ce qui donnera un visage inédit au débat parlementaire à venir.
*La lettre à Nicolas Sarkozy et la liste des signataires sont en ligne sur le site www.appel-sauver-hopital.fr
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