DE NOTRE CORRESPONDANTE
AVEC LA MISE EN EXAMEN du ministre de la Santé, un nouveau volet s’ouvre dans l’affaire Englaro. Maurizio Sacconi est accusé d’abus de pouvoir, après avoir menacé une clinique de lui retirer sa convention avec l’État si elle appliquait la décision de justice concernant l’interruption de l’hydratation et de l’alimentation artificielles d’Eluana Englaro. La plainte contre le ministre a été déposée auprès du parquet de Rome par le parti radical et plusieurs associations opposées à l’acharnement thérapeutique.
Pour le parquet de Rome, cette mise en examen était « obligatoire ». Le fait est que la lettre publiée la semaine dernière par la clinique d’Udine et reprise dans la presse italienne pose un sérieux problème à la justice transalpine. La clinique Città d’Udine y explique que la circulaire expédiée par le ministre de la Santé aux structures médicales évoque clairement la possibilité de faire sauter les conventions avec l’État, l’hydratation et l’alimentation artificielles faisant partie des traitements obligatoires. Selon la clinique, cette décision aurait impliqué le licenciement de 300 opérateurs sanitaires et des retombées économiques négatives.
En attendant le déroulement de l’enquête, le ministre de la Santé devra être rapidement entendu par la commission qui doit statuer sur la levée de son immunité parlementaire. Maurizio Sacconi a déjà réfuté toutes les accusations. « Je n’ai accompli aucun acte de violence envers les structures sanitaires, explique-t-il . J’ai agi en mon âme et conscience en pensant notamment à Ponce Pilate qui, à son époque, avait donné un très mauvais exemple. » Il ajoute qu’il a consulté le Comité italien de bioéthique et relu la Convention de l’ONU sur les handicapés qui vient d’être soumise à l’examen du Parlement transalpin.
La justice non respectée.
Tandis que le ministre continue de peaufiner sa défense, des magistrats et membres du corps judiciaire s’insurgent. « À partir du moment où un ministre se permet d’interdire l’application d’une décision de justice, l’Italie n’est plus un état de droit et la démocratie est en danger », estiment plusieurs d’entre eux sous couvert d’anonymat. « L’attitude du ministre de la Santé, comme celle par ailleurs d’autres ministres du gouvernement Berlusconi dans certaines affaires, démontre qu’ils n’ont aucun respect pour le pouvoir juridique et qu’ils remettent en question, l’appareil judiciaire dans sa totalité », assène l’avocat Giovanni Bianchi. Dans les couloirs du palais de justice, quelques avocats ont même évoqué la possibilité, pour la famille d’Eluana Englaro, d’obtenir l’intervention de la force publique pour obliger une structure sanitaire à appliquer la décision de justice rendue l’été dernier par la cour de Cassation.
La famille d’Eluana Englaro est, elle, toujours à la recherche d’une structure sanitaire qui accepterait de débrancher l’alimentation artificielle. Une tâche difficile. Mais la tournure que vient de prendre cette affaire avec la mise en examen du ministre de la Santé fait bouger une partie du milieu hospitalier, qui parle de pitié face à la souffrance et de respect de la justice. Mardi soir, d’ailleurs, le gouverneur de la Région du Piémont, Mercedes Bresso, a décidé de lancer un défi au ministre de la Santé. « La loi doit être respectée. Nous sommes prêts à accueillir Eluana Englaro dans un hôpital pour interrompre les traitements artificiels car le ministre ne peut pas agir contre un hôpital », a déclaré le gouverneur.
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