Une ou plusieurs vagues ?
Le directeur de l’EHESP est partisan d’attendre trois à quatre semaines pour être en mesure d’éliminer l’hypothèse de la grande vague unique qui déferlerait sur l’hémisphère nord. « On ne pourra être rassuré sur ce point qu’a posteriori car la nouvelle souche virale est très particulière et nous interdit de nous référer aux grippes saisonnières qui, depuis 1977, comportent un pic unique. Quant au tassement observé en Île-de-France pour la semaine 47, personne ne peut prédire s’il sera suivi d’une deuxième vague comme aux États-Unis, où une vague était survenue à la fin de l’été, après la première vague printanière. L’inconnu limite la fiabilité de nos prévisions sur la dynamique de la pandémie. »
Pour le Pr Hannoun, « les pics doivent être observés et analysés localement. Celui qui est évoqué en Ile-de-France vient après une flambée qui avait été observée à la mi-novembre, après un ralentissement qui correspondait à la période des vacances de Toussaint. Un deuxième pic pourrait survenir après les vacances de fin d’année, fin janvier ou début février, les congés scolaires ralentissant la circulation du virus. Entre-temps, le taux d’immunité de la population générale aura encore légèrement progressé. »
« Si le phénomène francilien se confirmait, analyse le Dr Weber, il rendrait très plausible le scénario d’une deuxième vague à venir. Mais il faut se garder de modéliser la suite des événements en fonction de données qui sont susceptibles de marquer des paliers dans l’évolution de l’épidémie. »
La directrice de l’InVS rejoint les Pr Flahault et Hannoun pour affirmer qu’ « il n’est pas possible, à partir des observations de certaines pandémies passées, qui se sont manifestées sous la forme de deux à trois vagues, de définir des règles concernant le nombre et l’intervalle entre les différentes vagues. On n’est pas en capacité, en cas de vagues multiples, de déterminer leur durée et leurs dates de survenue. »
L’impact d’une mutation du virus
« Bien sûr, une mutation qui entraînerait une plus grande dangerosité du virus doit être prise au sérieux, note le Pr Hannoun, surtout avec un virus qui connaît une forte contagiosité. Mais, justement, les cas signalés en Norvège puis en France n’ont pas donné lieu à transmission entre patients. Comme cette mutation ne remet pas en cause la protection du vaccin, jusqu’à nouvel ordre, il n’y a pas lieu de s’alarmer. »
« De telles mutations sont des phénomènes sporadiques qui sont couramment observés lors des épidémies, confirme le Dr Weber. Tout en n’excluant jamais le pire, force est de souligner que, jusqu’à présent, le A(H1N1)v reste d’une relative stabilité. »
L’impact du plan Pandémie
« Dans l’histoire des épidémies, c’est la première fois que l’on anticipe et que l’on se donne internationalement les moyens de limiter la progression du virus, souligne le Dr Weber. À telle enseigne, estime-t-elle, que l’évolution épidémique n’a plus rien à voir avec ce qu’elle aurait été si les pays s’étaient contentés de la regarder passer. » Pour autant, les dispositifs activés par les gouvernements, à commencer par la vaccination de masse sont-ils de nature à casser l’épidémie ? « Non, répond le Pr Hannoun, si l’on met à 60 % le seuil des personnes vaccinées pour enrayer une épidémie, un niveau dont on reste très éloigné, quand bien même, comme le prévoit le Pr Houssin, les 6 à 7 millions de personnes prioritaires auraient été vaccinées à la fin de l’année. À cet égard, le début de la campagne de vaccination, avec des gymnases déserts, n’aura pas été une réussite. En ajoutant au nombre des personnes vaccinées, celui de porteurs d’anticorps qui ont eu la grippe ou une forme asymptomatique, on atteint le seuil de 15 % de personnes protégées. Cela n’arrêtera pas l’épidémie. »
Le Dr Weber se montre cependant plus optimiste, intégrant dans son calcul du taux d’immunité de la population générale les personnes qui ont gardé des anticorps acquis il y a quarante ou cinquante ans à l’occasion de précédents épisodes pandémiques. « Au total, on pourrait se rapprocher d’un taux de 30 % à partir duquel la progression épidémique est ralentie. »
« S’ajoutent, détaille-t-elle, les moyens de prise en charge en soins intensifs et réanimation, qui limitent relativement le nombre des décès parmi les formes graves. Combiné à la vaccination, aux mesures barrières et à l’adoption de comportements de la part des patients, notre plan a certainement changé le profil naturel de l’épidémie. »
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