À LA CROISÉE des chemins, voilà où nous en serions avec la grippe. Bien tapie, derrière la pandémie A(H1N1)v, la grippe saisonnière est encore là cet hiver. Certes, très faiblement. « À 99,9 %, il s’agit de la grippe A(H1N1)v, mais on a néanmoins observé une petite circulation de certains virus saisonniers, explique pour le « Quotidien » le Pr Bruno Lina, virologue référent de la grippe à Lyon. Pour cette part infime de 0,1 % concernant les trois virus saisonniers habituels, aucune souche du H1N1 saisonnier n’a été isolée et seuls une dizaine de virus H3N2 et 4 à 5 virus de type B ont été identifiés en France. Il est probable que l’on ne les aurait pas détectés si on ne les avait pas traqués par une surveillance virologique renforcée dans le cadre de la pandémie. Le nombre de virus analysés a été décuplé, environ 20 000 au total. Dans cette masse de virus, on comprend bien que les virus H3N2 et B ne sont que des isolats sporadiques ».
Est-ce à dire pour autant que les virus saisonniers sont voués à disparaître ? « Si l’on se réfère aux pandémies précédentes, celles de 1957 et de 1968, indique le spécialiste de la grippe, il s’agit du scénario le plus probable. Cependant, la pandémie ne s’est pas comportée, comme on l’avait imaginée jusqu’à présent ». La disparition des virus pourrait s’étaler dans le temps selon un calendrier comportant en premier lieu le H1N1 saisonnier suivi du H3N2. « Le virus de type B semble être moins touché. Il circule actuellement en Asie, en Chine en particulier. En Amérique du Nord, les virus H1N1 et H3N2 étaient absents lors des deux vagues pandémiques successives ».
Plusieurs scénarios envisageables.
Pourquoi un virus prend-il le pas sur un autre ? « Le phénomène est multifactoriel et assez mal compris, mais la chaîne de transmission est certainement l’un des éléments les plus importants. Quand un virus possède un fort potentiel épidémique, les autres n’arrivent pas à persister. Or en l’absence de transmission, les virus disparaissent ». Une deuxième vague grippale avant le printemps est-elle totalement improbable ? « À court terme, c’est-à-dire dans les 15 jours à venir, la réponse est oui, poursuit le Pr Lina. En revanche, on a déjà vu des épidémies débutant en mars, ce qui n’est pas à exclure si on considère la vague actuelle de froid en France. Si elle survient, la deuxième vague pandémique sera beaucoup moins intense, se chiffrant à quelques millions et non en dizaines de millions. ». Autre scénario, la deuxième vague pourrait survenir l’hiver prochain, comme en 1968. « La mortalité pourrait être plus forte chez les sujets âgés. Là encore, ces projections sont à nuancer car nous disposons aujourd’hui de vaccins et d’antirétroviraux, contrairement à 1968 ».
Plusieurs scénarios sont donc envisageables. « Encore une fois, à l’échelle planétaire et dans les mois qui viennent, l’évolution la plus logique est que le virus H1N1 saisonnier ne ressurgisse pas, que le H3N2 très peu détecté disparaisse suivi du type B. Pour nous éclairer, reste à observer ce qui se passe dans l’hémisphère sud. Même si le climat, les populations et les mégapoles sont différents, c’est quand même un modèle de ce à quoi on peut s’attendre du point de vue virologique. Courant juillet-août, la grippe A(H1N1)v va de nouveau circuler au-dessous de l’équateur dans une population déjà exposée. On peut s’attendre à ce que le virus évolue ».
Le Pr Bruno Lina déclare avoir collaboré avec Roche, GSK, Sanofi, Novartis, Medimmune, Merck, Biomérieux, Argene, GEIG, Solvay, Pierre Fabre.
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