Soutien à l'installation dans les territoires, investissement sur des équipements de télémédecine, prévention mobile, accompagnement des CPTS... Le biologiste et député d'Eure-et-Loir Philippe Vigier (MoDEM et apparentés), sur la liste du ministre Marc Fesneau (majorité présidentielle) en Centre-Val de Loire pour les élections régionales (20 et 27 juin), juge que les régions doivent s'emparer de la santé et prendre à bras-le-corps le sujet de la désertification médicale.
LE QUOTIDIEN : Quelle place occupe la santé dans la campagne pour ces élections régionales ?
PHILIPPE VIGIER : La santé est un thème majeur, si l'on regarde les enquêtes d'opinion faites, par exemple, dans la région Centre-Val de Loire, sur les attentes des habitants. La désertification médicale arrive même en deuxième position des préoccupations, avec 34 % des gens qui indiquent que leur vote tiendra compte de ce qui a été fait et de ce qui est proposé !
Ce résultat est logique puisque notre région est l'une des plus "désertifiées" de France et l'accès aux soins y a régressé depuis plusieurs années. Dans l'Eure-et-Loir, département dont je suis député, nous sommes à 78 médecins (généralistes et spécialistes) pour 100 000 habitants ; plus de 15 000 personnes n'ont pas de médecin traitant ! Et la situation risque de s'aggraver encore...
Que peut faire la région pour changer la donne ?
La loi de 2004 donne des compétences importantes en matière de formation sanitaire et sociale. Mais les régions peuvent également être un moteur puissant pour accompagner les étudiants et l'installation des professionnels de santé dans les territoires, par exemple en proposant des emplois pour les conjoints, en lien avec les collectivités, des hébergements ou des transports pour les internes. Ce n'est pas forcément de l'argent sonnant et trébuchant mais surtout de l'organisationnel. Les régions peuvent faciliter la vie des médecins et des internes. Il faut mettre le paquet là-dessus !
Par ailleurs, la télémédecine doit jouer un rôle clé. L'idée serait de mettre en place un maillage d'équipement de télémédecine, en concertation avec les professionnels de santé, dans des maisons de santé, des pharmacies ou des cabinets infirmiers. Nous financerons très largement ces outils.
De même pour la prévention : nous allons mettre en place des équipements « mobiles » qui pourront aller jusque dans certaines communes pour des dépistages de cancer, de pathologies chroniques, au plus près des habitants. La région viendra également en soutien des plans d'investissement pour les urgences de petites structures, et en aide aux CPTS et aux maisons de santé, là encore en fonction des besoins exprimés par les professionnels de santé dans les territoires.
Quid des mesures coercitives ? Et quid du salariat proposé par certains départements ou régions ?
Les régions n'ont pas de pouvoir réglementaire, elles sont hors sujet en termes de coercition à l'installation, qui relève du national. De toute façon, je ne suis pas sûr que la contrainte mène à grand-chose sur ce terrain, ce n'est pas ce que veulent les professionnels que nous avons rencontrés.
Quant au salariat, il ne peut pas être la solution universelle non plus. Il peut être une piste, mais de façon exceptionnelle, pour les besoins d'un centre de santé par exemple. Le président sortant de région a promis de salarier 300 médecins dans le Centre-Val de Loire, mais d'après ce que j'en sais il n'y en a que quelques-uns sur six départements actuellement ! Difficile d'embaucher des médecins qu'on n'a pas…
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