L’épidémie de rougeole s’aggrave

Appel à la mobilisation générale

Publié le 25/03/2011
Article réservé aux abonnés

« IL FAUT sortir des clichés et rappeler aux Français que la rougeole est une infection grave qui peut être lourde de conséquences et même mortelle. » Nora Berra, secrétaire d’État chargée de la santé, juge la situation épidémiologique de la rougeole en France suffisamment inquiétante pour lancer un cri d’alarme. L’épidémie qui sévit depuis 2008 et qui s’est intensifiée en 2010 (5 000 cas, contre 1 500 en 2009) ne faiblit pas, avec déjà 3 400 cas notifiés pour les deux premiers mois de 2011. L’Institut de veille sanitaire (InVS) qualifie cette troisième vague de l’épidémie, qui a débuté en octobre 2010, de vague de « très grande ampleur », faisant craindre une augmentation des formes graves nécessitant des hospitalisations. Cela a été le cas l’an dernier : en 2010, la rougeole a été responsable de 8 encéphalites infectieuses ou post-infectieuses, dont 1 a conduit au décès, et de 273 complications pulmonaires, avec également 1 décès ; 1 500 patients ont dû être hospitalisés.

Très contagieuse (un malade peut contaminer de 15 à 20 personnes non vaccinées), la rougeole « est considérée à tort comme une maladie infantile », a rappelé la ministre. Les deux décès enregistrés en 2010 ont concerné des adultes. La maladie touche désormais aussi bien les enfants que les adolescents et les adultes, avec des formes plus sévères chez les enfants de moins de 1 an et chez les adultes de plus de 20 ans (23 % des cas en 2010). Toujours en 2010, le nombre de cas parmi les enfants de moins de 1 an a triplé et celui parmi les jeunes adultes a quadruplé.

1,3 million de sujets non immunisés.

L’épidémie actuelle est essentiellement la conséquence d’un niveau insuffisant et hétérogène de la couverture vaccinale. Même si elle a progressé, la couverture vaccinale à 2 ans est insuffisante (90 % au lieu des 95 % fixés par l’OMS). Des données préliminaires d’une enquête séro-épidémiologique menée par l’InVS entre septembre 2009 à juin 2010 montrent que plus de 1,3 million de sujets de 6 à 29 ans résidant en France métropolitaine ne sont pas immunisés. Compte tenu des objectifs d’élimination de la rougeole, leur nombre « devrait être inférieur à 600 000 », relève l’InVS. L’observation vaut aussi pour la rubéole (1,3 million) et encore plus pour les oreillons.

« Le pourcentage de la population française vaccinée contre la rougeole n’est pas suffisant pour protéger l’ensemble de la population », a souligné, Nora Berra avant de poursuivre : « J’appelle donc les jeunes de 20 à 30 ans et les parents d’enfants jusqu’à 18 ans à faire, sans délais, un effort collectif et individuel de vaccination. » C’est seulement « grâce à cette prise de conscience et à cet effort que les épidémies et les cas de rougeole pourront disparaître », a-t-elle ajouté. Tous les relais d’information vont être mobilisés pour informer les professionnels de santé et le grand public. « Il est de la responsabilité de chacun de se protéger et de protéger ses enfants », a-t-elle martelé. L’INPES et les Agences régionales de santé (ARS) vont bien sûr être sollicités. Le concours des ordres et des sociétés savantes est également souhaité pour sensibiliser les professionnels de santé. L’appel s’adresse aussi à l’Assurance-maladie, aux mutuelles et aux assurances, pour des actions auprès des assurés sociaux et des professionnels.

Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8931