Sept ans après la crise des subprimes et la crise de la dette publique qu’elle a déclenchée dans la zone euros, les États et les institutions européennes vont-ils décider de mettre à contribution les marchés financiers pour lutter contre les grandes pandémies (sida, tuberculose, paludisme) et agir auprès des pays les plus pauvres pour l’accès à l’eau, aux énergies renouvelables et au développement ?
La première, la France a donné le coup d’envoi en août 2013 ; onze États de l’Union européenne (sur 28) se sont déclarés prêts à adopter ce mécanisme, qui, avec un prélèvement de 0,1 % sur les échanges d’obligations et d’actions, rapporterait, selon la commission, entre 30 et 35 milliards d’euros par an. Mais les banques font barrage. Vent debout, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, se fait leur porte-parole en affirmant que la TTF « déclencherait la destruction de pans entiers de l’industrie financière française et provoquerait une délocalisation massive d’emploi, portant globalement atteinte à la reprise ».
Une catastrophe planétaire en préparation
Cette opposition, qui rejoint celle de la Grande-Bretagne et du Luxembourg, est « effrayante, honteuse et inadmissible », s’indigne Philippe Douste-Blazy. Le président du conseil d’administration d’UNITAID rappelle au « Quotidien » que « dès 1984, Margareth Thatcher avait instauré une taxe financière (Osborne) qui n’a nullement déstabilisé la City, mais procure 5 milliards de livres au budget britannique ; 1 000 économistes reconnus ont signé une pétition pour souligner qu’avec 0,1 %, la TTF restait très loin des 1 % préconisés par la taxe Tobin ; devant le G20, en 2011, Bill Gates avait expliqué que, pour instaurer une croissance à long terme, il fallait d’abord veiller à la solidarité mondiale. Or, le problème du capitalisme financier, c’est qu’il polarise sur le court terme et le rendement à un mois. C’est perdre de vue qu’une catastrophe planétaire se prépare si l’on ne s’attaque pas aux disparités. Comment maintenir cinq milliards de personnes sans assainissement, toilette et eau potable et un milliard d’entre elles qui survivent avec moins de 1,5 dollar par jour, sans risquer dans les prochaines décennies une explosion mondiale ? »
Unitaid s’est pourtant imposée depuis six ans comme un acteur mondial de solidarité et de santé publique majeur, apportant la preuve qu’ « un financement innovant peut être efficace à partir d’une microcontribution totalement indolore, sans léser personne et tout en changeant la vie de dizaines de millions de personnes à travers le monde » (lire encadré).
Hollande et Merckel d’accord
C’est ce modèle que le secrétaire général adjoint des Nations Unies en charge des financements innovants pour le développement tente de reproduire avec la TTF. Intervenant à l’ONU en septembre 2013, François Hollande a plaidé en sa faveur, affirmant que « c’est par la TTF, que nous permettrons aux pays les plus pauvres, par le développement, d’assurer leur avenir et leur sécurité ». Le président français est rejoint par Angela Merkel, la chancelière allemande jugeant qu’il s’agirait d’un « signal important (qui) montrerait que les actes financiers ont une responsabilité. » Mais Paris et Berlin ne sont toujours pas parvenus à un accord sur le sujet. L’association Aides dénonce même une déclaration du ministre espagnol des Finances qui annoncé que les onze seraient favorables à l’affectation des revenus de la TTF au remboursement des dettes publiques détenues par les grandes banques européennes. Il s’agirait d’« un pur dévoiement », commente Philippe Douste-Blazy. Prochain round à Bruxelles, le 6 mai, lors du conseil des ministres européens de finances.
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