« FAIRE EN SORTE que le voyageur revienne de voyage sans en rapporter de mauvais souvenirs » : tel est le but des recommandations sanitaires élaborées par le Comité des maladies liées aux voyages et des maladies d’importation (CMVI) et approuvées par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) en avril 2012. Elles prennent en compte les modifications épidémiologiques observées, au niveau national et international.
Pour les vaccinations, la partie consacrée aux contre-indications et aux précautions d’usage concernant la vaccination contre la fièvre jaune a été détaillée. « Leur nombre important traduit la difficulté à trouver le bon équilibre entre le bénéfice attendu de la vaccination et ses dangers, notamment, mais pas seulement, chez les personnes immunodéprimées », souligne Éric Caumes, le nouveau président du CMVI-HCSP. Ainsi, les indications de la vaccination doivent être « parfois bien pesées, au risque de déconseiller un voyage », écrit l’infectiologue dans l’éditorial du BEH.
Pour le paludisme, une chute du nombre de cas d’importation est constatée en France. « Nous sommes passés en une décennie d’environ 8 000 cas estimés par an à 3 650 cas estimés en 2011, le nombre de cas ayant encore baissé de 25 % entre 2010 et 2011 », se félicite Éric Caumes. L’accentuation de la diminution du nombre de voyageurs vers certaines destinations africaines est l’une des principales explications évoquées à cette baisse. S’ajoutent deux hypothèses : l’inadéquation entre les pics de voyageurs et ceux d’émission anophélienne et la diminution régionale de la transmission en lien avec une meilleure efficacité des programmes de lutte contre le paludisme. Les rares cas de chimiorésistance à la méfloquine et à l’atovaquone-proguanil en traitement curatif incitent à recommander des contrôles post-thérapeutiques tardifs (vers J28) pour ces médicaments à longue demi-vie d’élimination. « Malgré ces progrès, il faut rester prudent », conseille Éric Caumes. Le parasite réapparaît en Grèce par exemple. L’anophèle transmetteur s’adapte aux moustiquaires imprégnées d’insecticides et pique les hommes avant l’heure du coucher. « Enfin et surtout, des cas de paludisme, dont certains mortels, sont encore signalés chez le voyageur », prévient l’infectiologue.
Bactéries multirésistantes.
Des informations sont également données dans le BEH pour des modes particuliers de voyages ou des groupes particuliers de voyageurs : enfants, personnes âgées, femmes enceintes, pèlerins, plongeurs sous-marins, randonneurs en altitude ... Les parties relatives à la prévention de la maladie thromboembolique et aux contre-indications au voyage aérien ont également été développées. « Il faut aussi s’adapter à de nouveaux types de voyageurs comme les touristes médicaux », poursuit Éric Caumes. Se faire soigner à l’étranger n’est pas sans risque d’infections nosocomiales et de portage de bactéries multirésistantes (BMR). Dans un contexte de « focalisation nationale sur les BMR venues d’ailleurs », un encadré sur l’utilisation des antibiotiques chez les voyageurs apparaît dans la « Trousse à pharmacie ». « Mais le détail ultime de cette prescription reste bien entendu sous la responsabilité du médecin prescripteur », rappelle Éric Caumes en ajoutant qu’un voyageur averti se doit (pour autrui) de respecter le calendrier vaccinal classique.
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