« EN UN PEU plus de quinze ans, entre 1990 et 2006, le parc d’incinérateurs d’ordures ménagères a fondu de 300 à 128 installations, la France gardant encore le plus grand parc d’Europe », rappelle Denis Zmirou-Navier, spécialiste de santé publique (Nancy), dans l’éditorial du dernier BEH intitulé « L’incinération sur le gril ». Cette évolution ne s’est toutefois pas accompagnée d’une réduction des volumes incinérés. Les installations qui demeurent aujourd’hui doivent se conformer à la directive européenne du 28 décembre 2000 fixant les valeurs limites d’émission des polluants actuellement en vigueur. « Ce numéro thématique du BEH nous apprend que nous avons de bonnes raisons d’en être satisfaits car ces anciens incinérateurs, fortement polluants, ont induit des risques pour la santé des populations avoisinantes dont plusieurs articles ici rassemblés rendent compte », indique-t-il. Les études présentées de façon synthétique ont déjà été publiées si ce n’est le rapport final de l’étude d’imprégnation par les dioxines des populations résidant à proximité d’usines d’incinération d’ordures ménagères*. Cette étude, réalisée en 2005 auprès d’environ 1 030 personnes tirées au sort, âgées de 30 à 65 ans, a été financée dans le cadre du Plan cancer. Son but était de comparer l’imprégnation par les dioxines, mais aussi par le plomb et le cadmium, de personnes exposées et non exposées aux émissions d’incinérateurs et d’évaluer l’impact de la consommation de produits locaux sur ces imprégnations. Selon les résultats, le fait de résider longtemps à proximité d’un incinérateur n’a pas de « répercussion sensible sur les niveaux de dioxines sériques, de plomb sanguin ou de cadmium urinaire ». Il n’a pas été non plus mis en évidence de surimprégnation due à l’exposition par inhalation aux dioxines, PCB, plomb et cadmium, des riverains des incinérateurs.
Lait, ufs, graisses animales.
Toutefois, la consommation de produits locaux, tel que les produits laitiers, les ufs et les graisses animales « avait pour effet d’augmenter l’imprégnation par les dioxines et par le plomb dans une moindre mesure ». Cette observation, qui était plus marquée chez les agriculteurs, concernait « en fait les riverains d’incinérateurs anciens et hors normes ». Quant à la consommation de fruits et de légumes provenant de zones exposées au panache d’usines, il a été trouvé qu’elle n’influençait pas l’imprégnation par les dioxines et les PCB. Selon les auteurs de l’étude, ces résultats ne conduisent pas à préconiser « de nouvelles mesures de gestion ».« Il faut cependant inciter les gestionnaires locaux à rester vigilants (...) quant à la consommation des ufs de poules élevées sur des sols qui demeurent contaminées » par une ancienne usine hors norme. En particulier ces ufs, non commercialisés et destinés à la consommation personnelle et qui échappent aux contrôles officiels, « peuvent contenir des niveaux de dioxines qui excèdent les valeurs seuil appliquées aux denrées alimentaires commercialisées ». Le problème ne se pose pas pour le lait de vache, « car l’herbe de repousse n’est plus contaminée après la mise aux normes ou l’arrêt des installations ». Si les incinérateurs modernes semblent hors de cause, conclut Denis Zmirou, « il demeure que le meilleur déchet est encore celui que l’on n’a pas produit ».
* Étude disponible sur invs.sante.fr/display/?doc=publications/2009/impregnation_dioxines_uiom/index.html
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