Il y a 2 ans, le Livre blanc publié par le Centre Primo Levi estimait à 125 000 le nombre de personnes victimes de la torture et de la violence politique exilées en France.
Parmi elles, figurent des enfants et des adolescents arrivés seuls dans notre pays, mais également un nombre croissant d’enfants accompagnants. D’environ 10 000 dénombrés en 2010 par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), nous sommes passés en 2013 à près de 15 000 enfants accompagnant leurs parents dans l’exil qui ont effectué une demande d’asile dans notre pays.
Pour le Centre Primo Levi, première structure spécialisée dans l’accueil et le soin des personnes victimes de violences extrêmes réfugiées en France, ces enfants pâtissent d’un manque criant de prise en charge spécifique. Qu’ils aient été des victimes directes d’actes de violence ou les témoins de ceux subis par leurs proches, ils ont tous été confrontés à « de multiples ruptures et deuils qui les fragilisent sur le plan physique, mais surtout psychique (…) Arrivés en France, l’extrême précarité de leurs conditions de vie constitue une nouvelle épreuve. »
Troubles psychiques multiples
Les parcours chaotiques qui sont communs à tous ces enfants ont un impact indéniable sur leur développement. Selon Armando Cote, psychologue clinicien et responsable de l’espace enfants du Centre Primo Levi, « l’un des effets de la violence est de rompre les liens qui existaient entre les personnes. La honte et la culpabilité ressenties par les adultes entraînent un défaut de communication au sein de la famille et les enfants qui s’interdisent alors de poser des questions souffrent de nombreux troubles psychiques dont certains symptômes bruyants nous permettent de les repérer ».
Empêchés symboliquement de grandir, car figés dans le traumatisme vécu, ils peuvent au contraire être obligés de mûrir trop vite en raison des responsabilités importantes dont ils sont investis auprès de parents à qui ils servent bien souvent d’interprètes. Souffrant très souvent des pathologies du lien caractérisées par l’empêchement de tisser toute nouvelle relation de peur qu’elle disparaisse subitement, ces enfants sont également la proie de nombreuses perturbations psychiques récurrentes : inhibition, comportements violents, troubles du sommeil et de la concentration, énurésie, strabisme…
Une population invisible
Les parcours de vie de ces enfants et leurs conditions de vie extrêmement précaires auxquelles ils sont confrontés sur notre sol devraient exiger une réelle prise en charge dans le système de santé de droit commun. Or, note le Centre Primo Levi, « celui-ci est particulièrement défaillant ». En premier lieu, « les victimes de torture et de violence extrême sont méconnues des acteurs institutionnels et absentes des politiques de santé publique, des recherches épidémiologiques, des statistiques et des programmes de formation des professionnels ». Un état de fait que les auteurs du manifeste appellent à modifier très rapidement en incluant, par exemple, ces enfants dans les plans de santé mentale.
D’autre part, le manque de coordination des acteurs est également pointé du doigt : « Le système de santé, tel qu’il est mis en place, ne favorise pas une approche pluridisciplinaire (médecins, psychologues, assistants sociaux, juristes travaillant en lien) pourtant requise quand il s’agit d’effectuer des suivis complexes. » L’une des recommandations est donc de faciliter les financements qui permettent le développement de travail en réseau.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie