On parle beaucoup de l’intelligence artificielle en santé. Selon vous, dans quelle mesure les généralistes sont-ils aujourd’hui concernés ?
Dr D. A. : Même si l’intelligence artificielle suscite un engouement important, on se rend compte qu’il y a encore relativement peu d’applications concrètes en santé. Dans un premier temps, cela devrait surtout être intéressant pour le traitement de l’image et l’analyse du Big Data, soit deux domaines qui, en tant que généralistes, ne nous concernent pas au quotidien… Il y a donc encore du chemin avant que l’on utilise dans nos cabinets des outils intégrant de l’IA et je ne vois pas ce qui pourrait entrer dans nos pratiques aujourd’hui.
À terme, dans quel domaine l’IA pourrait être utile en médecine générale ?
Dr D. A. : Notre métier est en grande partie tourné vers la prévention et l’accompagnement des patients sur le long terme. À notre niveau, on attend donc surtout de l’IA un bénéfice d’ordre épidémiologique et populationnel. Si l’on applique l’intelligence artificielle au Big Data, cela pourrait en effet nous aider – grâce à l’observation de corrélations à très grande échelle – à identifier de nouvelles pistes de prévention ou à préciser quelles sont, parmi nos interventions, celles réellement utiles sur le long terme. À condition que l’on réussisse à avoir un Health Data Hub (plateforme française de données de santé, ndlr) avec des données utiles et cohérentes. Or, en ville, nous n’avons ni les logiciels ni le temps nous permettant de structurer nos données de façon qualitative. D’où un risque que soit transposées à la médecine générale des données hospitalières ne prenant pas en compte les spécificités des soins primaires. Si on a une IA biaisée dès les données initiales, on aura des résultats biaisés…
Quels sont les autres écueils ?
Dr D. A. : Comme une des particularités de l’intelligence artificielle est le renforcement de signaux faibles, on observe une tendance à l’uniformisation, avec un risque d’oublier des minorités ou de les fondre les unes avec les autres. Enfin, des dangers éthiques commencent aussi à être pointés.
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