« J'ai souvent envie de repartir en libéral », Dr Sandrine Roussel (médecin-conseil)

Publié le 09/06/2016
TémoinSandrineRoussel

TémoinSandrineRoussel
Crédit photo : DR

Alors voilà… Je suis née le 28 juin 1971.
Mon papa était en 5e année de médecine, il avait 23 ans.
Vers l'âge de 7-8 ans, j'ai commencé à envisager ce métier comme « mon avenir »…

Mon père travaillait 60 heures par semaine, je ne le voyais pas, même s'il était présent. Toujours là quand on avait besoin de lui dans notre scolarité. C'était dans les années quatre-vingt.

J'ai passé un bac C que j'ai eu sans mention et puis je suis partie en médecine contre l'avis paternel qui me serinait depuis des années de « faire autre chose… Première année, 198e… Le numerus clausus était à 70 je crois me souvenir (Clermont-Ferrand), j'ai donc redoublé et fini dans les 40 premiers… Le Graal !!!

J'ai poursuivi ces études sans jamais regretter… L'humain, le parcours de vie et aussi de mort de tous ces gens que je rencontrais me passionnait et me passionne encore…
Des années de « résidente » partagées entre le sud de la France et l'Auvergne puis l'opportunité de m'installer dans le même cabinet que mon père… Nous étions 6 dans un cabinet de ville… J'étais maman célibataire d'une petite fille de 4 ans et j'ai passé ma thèse le 19 mars 2002 pour m'installer le 2 avril 2002… !
J'ai fait 5 ans de médecine libérale… Avec mon père comme associé… C'était bien.

Et puis j'ai eu 2 autres enfants avec un papa qui vivait à Toulouse… J'ai revendu ce cabinet, la mort dans l'âme, et j'ai passé le concours de la Sécurité sociale… Que j'ai eu… Et j'ai eu la chance d'avoir un poste 6 mois après mon arrivée dans le Sud-Ouest… Cela fera 8 ans en 2017… !

Mon père a vendu son cabinet à 63 ans pour reprendre une activité salariée à mi-temps et faire de l'humanitaire… À bientôt 69 ans, il est encore un médecin retraité actif.
Ma fille aînée va entrer à la fac de médecine… La boucle va se boucler !

Alors est ce que je referais tout pareil… ? Probablement pas tout à fait… Cinq ans de libéral, ce n’est pas assez et à la fois, faire 40 ans de médecine libérale me semble, avec le recul, tellement difficile… Peut-être plus encore pour une femme qui doit gérer plus de choses au quotidien quand le mari est, lui aussi, libéral…
Mon expérience de médecin-conseil m'apporte une tranquillité d'esprit et me permet de rencontrer des malades, de suivre leurs parcours… Mais sans grande responsabilité… Je suis probablement moins fatiguée et plus disponible pour mes 4 enfants (un autre garçon est arrivé en 2009) que certaines de mes consœurs… !
J'ai souvent envie de repartir en libéral mais quand je fais deux colonnes, le médecin salarié l'emporte sur le médecin libéral en termes de qualité de vie…
Alors… Je poursuis ce chemin… Sans trop savoir où je serai dans 10 ans ni comment j’exercerai ce métier mais une chose est sûre : je serai encore médecin en exercice !


Source : Le Quotidien du médecin: 9503