L'Anses déconseille la mélatonine à certaines populations

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Publié le 11/04/2018
Comprimés de mélatonine

Comprimés de mélatonine
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Dans le cadre du dispositif national de nutrivigilance mis en place en juillet 2009, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) vient d'émettre un avis déconseillant l'usage de mélatonine à certaines populations. Il s’agit en particulier des femmes enceintes et allaitantes, des enfants et des adolescents, des personnes souffrant de maladies inflammatoires, auto-immunes, d’épilepsie, d’asthme, de troubles de l’humeur, du comportement ou de la personnalité, ainsi que des personnes suivant un traitement médicamenteux. Elle en déconseille aussi la consommation aux personnes devant réaliser une activité nécessitant une vigilance soutenue chez lesquelles une somnolence pourrait poser un problème de sécurité. Et tout particulièrement, les personnes épileptiques, asthmatiques, souffrant de troubles de l’humeur, du comportement ou de la personnalité ou suivant un traitement médicamenteux, doivent soumettre leur consommation de compléments alimentaires contenant de la mélatonine à un avis médical.

90 déclarations de nutrivigilance

En effet, l'agence sanitaire a reçu, jusqu’en mai 2017, 90 déclarations d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la mélatonine. Parmi celles-ci, 19 ont été jugées suffisamment complètes pour faire l’objet d’une analyse d’imputabilité. Ces signalements ont été transmis par des professionnels de santé, l'ANSM et les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV), ainsi que par des fabricants eux-mêmes.

Les effets rapportés sont variés : des symptômes généraux (céphalées, vertiges, somnolence, cauchemars, irritabilité), des troubles neurologiques (tremblements, migraines) et gastroentérologiques (nausées, vomissements, douleurs abdominales).

L’étude des cas signalés, l’interrogation des agences internationales et l’analyse de la littérature scientifique a amené l’Agence à recommander plus généralement, de « prendre conseil auprès d’un professionnel de santé avant de consommer des compléments alimentaires » et d'en signaler la prise à son médecin. En l’absence de données suffisantes sur les effets à long terme de la consommation de mélatonine, l’Agence recommande de « limiter la prise de ces compléments alimentaires à un usage ponctuel. »

En France, la mélatonine est utilisée dans des médicaments, des préparations magistrales et des compléments alimentaires. Dans cette dernière catégorie, de nombreuses formes ont fait leur apparition sur le marché français. Ces compléments connaissent une grande notoriété, le nombre de boîtes vendues étant estimé à 1,4 million par an.

Les effets de la mélatonine ne se limitent pas qu'au sommeil

En plus de ses effets sur l’horloge biologique, la mélatonine possède d’autres propriétés : modulation de l’humeur et du système immunitaire, régulation de la température corporelle et de la motricité intestinale. Elle possède également une action vasodilatatrice, vasoconstrictrice et pro-inflammatoire. Ces effets physiologiques peuvent, dans certaines conditions, ou lors d’interaction avec d’autres substances, conduire à l’apparition d’effets indésirables.

La réglementation française autorise la commercialisation de compléments alimentaires apportant moins de 2 mg de mélatonine par jour. En l’absence de données suffisantes sur l’innocuité de la consommation quotidienne de 2 mg de mélatonine, l’Agence s’interroge sur la place de la mélatonine sur le marché sous forme de complément alimentaire à des doses comparables à celles du médicament. Elle estime nécessaire l’harmonisation d’un cadre réglementaire européen sur la base d’études de sécurité conduites pour ces doses inférieures à 2 mg.


Source : lequotidiendumedecin.fr