Avec près de 50 % d’héritabilité, la migraine est une maladie génétique dont l’expression dépend de facteurs environnementaux. Selon le Dr Dominique Valade « plus de la moitié des personnes concernées ne développent jamais la maladie ».
Tandis que d’autres verront leur maladie se déclarer sous l’influence de facteurs déclenchant. Parmi ceux-ci : la puberté, et plus particulièrement la chute d’estrogènes. Un facteur qui explique la nette prédominance féminine de la maladie à l’adolescence. C’est aussi à cet âge-là que la symptomatologie évolue. Des migraines abdominales aux céphalées diffuses, la douleur se latéralise avec l’âge jusqu’à devenir identique à celle de l’adulte. « Sans qu’on sache pourquoi, l’expression de la migraine est différente chez l’enfant, et ce, jusqu’à 13-14 ans. Au-delà, la symptomatologie est strictement la même que chez l’adulte », explique le Dr Dominique Valade.
Miser sur la relation de confiance
La seule spécificité de l’adolescent est la prise en charge, qui se doit d’être globale. « Un ado c’est fragile. Il faut prendre du temps avec lui. D’abord pour lui expliquer ce qu’est une migraine, comment se déclenchent les crises et l’informer de la meilleure façon de les éviter », commente le spécialiste. Si la prévention des crises n’est pas moins essentielle chez l’adulte, celle de l’adolescent doit faire l’objet d’une attention accrue. Évaluation comprise. Le Dr Dominique Valade conseille de « prendre un temps seul avec l’adolescent, sans les parents ». Afin de ne laisser passer aucun élément, tels que la prise de pilule, la consommation de cannabis, ou les soirées alcoolisées. Autant de facteurs connus pour déclencher les crises au même titre que le manque de sommeil, les grasses matinées et le tabac. Au-delà du simple fait d’informer l’ado sur les risques de telles conduites, il s’agit avant tout d’attiser sa confiance. Le Dr Dominique Valade en a fait son expérience : « Il est plus difficile de faire comprendre à un ado de se coucher à heures fixes que chez une dame de 60 ans. Un ado, il faut réussir à le cadrer. » Pour cela, pas d’autre recette magique que l’alliance thérapeutique, à compléter par un traitement de fond.
La relaxation comme traitement de fond
Tandis que le stress, plus justement nommé « anxiété anticipatoire », peut déclencher à lui seul 50 à 80 % des crises migraineuses, le traitement prophylactique indiqué en première attention est la relaxation. En tête de liste chez l’enfant et l’adolescent, la méthode a prouvé son efficacité dans plusieurs études. Au même titre que les thérapies cognitives et comportementales de gestion du stress et le biofeedback. Les bêtabloquants, de moindre efficacité, ne seront indiqués qu’en 2e intention. L’agenda de crises peut être proposé, mais n’est pas toujours bien tenu par l’ado.
Quant au traitement des crises, il est le même que chez l’adulte, à ceci près qu’un seul triptan dispose de l’AMM chez l’adolescent (à partir de 12 ans). C’est l’Imigrane Spray nasal. Cependant, « comme chez l’adulte, on donne des AINS en 1re intention, à savoir l’Ibuprofène ou le Kétoprofène », précise le spécialiste.
La prise en charge doit être globale. Le Dr Dominique Valade prévient : « Il ne faut pas multiplier les partenaires. L’essentiel est d’établir une relation de confiance sur le long terme. »
Aussi difficile et chronophage que puisse paraître la prise en charge d’un adolescent migraineux, il est bon de garder à l’esprit la bénignité de la maladie. Informer est nécessaire. Prévenir est indispensable. Dédramatiser est essentiel.
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