LES CONSEQUENCES du psychisme sur l’état des artères coronaire, et plus globalement l’arbre vasculaire, ont fait l’objet de multiples publications (1). La relation entre infarctus du myocarde et personnalité de type A, qui correspond à des sujets hyperactifs ayant un l’esprit de compétition, a donné lieu a de nombreuses études, dont les résultats initialement positifs ont été infirmés par la suite.
Plus récemment, un autre type de personnalité, de type D, a été identifié comme pouvant augmenter le risque coronaire et favoriser la survenue d’une dépression après un infarctus du myocarde (2). La personnalité de type D (pour « distressed », ou angoissé) correspond à des sujets inhibés, qui éprouvent des émotions négatives sans être véritablement déprimés.
Afin d’évaluer la valeur prédictive des traits de personnalité et les réactions comportementales après infarctus aigu du myocarde, l’équipe italienne de Franco Bonaguidi ont entrepris d’étudier 228 patients en postinfarctus issus de 13 unités italiennes de soins coronariens aigus.
La colère et les perturbations liées aux stress sont déterminantes.
Les aspects psychologiques ont été évaluées en utilisant le test 16 PF 5 de R. B. Cattel, qui évalue particulièrement cinq facteurs globaux : l’extraversion, l’anxiété, la dureté-intransigeance, l’indépendance et le contrôle de soi. Le Psy-Inventory a également été utilisé pour évaluer le sens de la responsabilité, l’énergie, l’obsession, la colère, les conséquences du stress et le sentiment d’urgence (3).
Les données cliniques comme le sexe, l’âge, les facteurs de risque, la valeur des enzymes cardiaques, la fonction ventriculaire gauche score et la variabilité du rythme cardiaque ont aussi été prises en considération dans l’étude. Les patients ont été suivis pendant une durée médiane de 97 mois (extrêmes : 1-135) et les événements cardiaques majeurs ont été notés.
Durant la période de suivi, 51 événements ont été enregistrés. L’analyse multivariée a montré que la colère et les perturbations liées aux événements stressants augmentent le risque de nouvel événement, au-delà des facteurs cliniques, des résultats de l’imagerie, des biomarqueurs et des données électrocardiographiques, avec des rapports des cotes de 2,3 (p ‹ 0,01) dans les deux cas.
Ainsi, la colère et les symptômes liés au stress jouent un rôle important dans l’aggravation du pronostic à long terme de l’infarctus myocardique. Ces données peuvent servir à mettre au point un soutien psychothérapique ciblé et/ou des interventions comportementales.
L’expérience australienne en thérapie cognitivo-comportementale.
La dépression est fréquente après un événement cardiaque aigu et peut survenir à un moment où un changement comportemental est fortement recommandé afin de réduire le risque d’événement cardio-vasculaire majeur. Un programme spécifique, le « Beating Heart Problems », a été conçu par le Heart Research Centre de Melbourne (Australie) pour aider les patients à modifier leur changement de comportement et à faire face à la dépression. Ce programme de prévention secondaire, d’une durée de huit semaines, a été développé en utilisant une thérapie cognitivo-comportementale et motivationnelle. Il a permis d’augmenter la confiance et la perception de la santé par les patients déprimés.
D’après les communications de Franco Bonaguidi (Pise, Italie) et Marian Worcester (Melbourne, Australie).
(1) Dimsdale JE. J Am Coll Cardiol 2008;51(13):1237-46.
(2) Denollet J, et coll. Circ Cardiovasc Qual Outcomes 2010;3(5):546-57.
(3) Bonaguidi F, et coll. Psychol Rep 1996;78(2):691-702.
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