Les plateaux mutualisés d'imagerie médicale, une coopération qui divise les radiologues

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Publié le 12/04/2018
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Les nouveaux plateaux d'imagerie médicale mutualisés (Pimm), institués par l'article 113 de la loi de santé (2016), changeront-ils la donne en matière d'organisation des soins en radiologie – spécialité où on compte en moyenne 11 radiologues pour 100 000 habitants et 14 installations d'IRM pour un million d'habitants ?

Sur le papier, la proposition de mutualiser équipements et personnels entre public et privé est innovante. Concrètement, le plateau d'imagerie médicale – autorisé pour cinq ans par l'agence régionale de santé – permet de mettre en commun non seulement les équipements d'imagerie mais aussi les locaux, le personnel médical, paramédical, et la permanence des soins entre des médecins hospitaliers et des radiologues libéraux. En creux, l'idée est de réunir sur un même site un ensemble de techniques d'imagerie de pointe. 

« L'objectif est d'avoir une sur-spécialisation des radiologues afin de mieux répondre aux besoins du patient », explique le Pr Frank Boudghene, président du Syndicat des radiologues hospitaliers (SRH). La loi permet aussi de déroger aux règles statutaires et conventionnelles de rémunération des médecins. Des rémunérations innovantes, au parcours de soins, seraient donc possibles, fait valoir le président du SRH qui plaide pour « un statut unique et mixte » des médecins.

Le projet médical avant tout

La spécialité, qui a initié la réflexion collégiale sur le sujet il y a des années avec les « projets professionnels communs », met toutefois l'accent sur la nécessité d'un projet médical partagé avant toute mutualisation du matériel. Pour les libéraux, c'est même une condition sine qua non, et une source d'inquiétude. « Le Pimm de la loi Touraine est à l'opposé de l'idée que nous avions du projet professionnel commun, il n'y a plus de dimension médicale », déplore le Dr Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des radiologues (FNMR).

Il s'inquiète aussi de la durée de vie programmée du Pimm. « S'il n'est pas renouvelé au bout de cinq ans, que se passe-t-il pour les médecins qui ont apporté leurs équipements lourds et des autorisations de ces derniers ? », s'interroge le Dr Masson. La mutualisation des plateaux d'imagerie n'est donc pas conseillée par la Fédération, qui encourage en revanche toute forme de coopération basée sur un projet commun.

Reste à voir si, sur le terrain, les radiologues se saisiront des Pimm. À ce jour, les autorisations des agences régionales de santé se font au compte-gouttes. En Ile-de-France, l'ARS a autorisé un plateau à Melun (Seine-et-Marne), qui s’inscrira dans le cadre d'une plateforme publique privée entre le Centre hospitalier et la clinique Saint-Jean l’Ermitage. L'ouverture est prévue pour juin 2018.

M.F

Source : Le Quotidien du médecin: 9656