Le gouvernement n’est pas le seul à organiser des grands débats en France. Les urgentistes, eux aussi, ont souhaité profiter de ce large mouvement de consultation des Français pour recueillir leurs avis sur le fonctionnement des urgences. « C’est pour cette raison que nous avons organisé le 12 mars un débat dans 11 villes, auquel ont participé 800 personnes : des professionnels de santé pour les deux-tiers et des usagers pour un tiers. Au terme de ces débats, nous avons fait une synthèse et des propositions que nous avons envoyées à la ministre », explique le Dr François Braun, président de Samu Urgences de France.
Ces débats ont d’abord permis de mettre en exergue la méconnaissance du fonctionnement des urgences de France. « Y compris de la part de bon nombre de professionnels. Et dans nos propositions, nous préconisons la mise en œuvre d’une grande campagne nationale sur le sujet », indique le Dr Braun, qui retient la « volonté de nombreux participants de donner la priorité à la qualité des soins dans les services d’urgences, même si cela doit conduire à fermer ou reconvertir en lieux de simples consultations certains services, qui ne disposent pas d’un personnel suffisamment nombreux ou qualifié. »
Un chiffre a été largement commenté, le fait que 4 patients sur 10, se présentant aux urgences, devraient être pris en charge autrement ou ailleurs. Beaucoup de participants ont reconnu que trop de patients voyaient les urgences comme le « dernier recours », quand il n’existe aucune solution disponible en médecine de ville. « Une exonération du tiers payant pour les patients adressés à un généraliste par la régulation médicale du Samu pour une consultation du Samu a été très souvent citée, pour éviter des passages inappropriés aux urgences », explique le Dr Braun.
En se basant sur ces débats, son organisation propose de développer des « alternatives aux services d’urgence » pour les soins non programmés, notamment en élargissant les horaires de consultation de médecine générale, en assurant une permanence et une continuité des soins dans les Ehpad.
Enfin les débats ont permis d’aborder la question du coût d’un passage aux urgences. Certains participants ont estimé qu’il conviendrait de « faire payer les patients qui viennent pour rien ». Mais les explications données par les organisateurs ont réorienté les discussions vers l’intérêt d’un affichage, dans chaque service, de ce coût.
Entretien avec le Dr François Braun, président de Samu Urgences de France.
Article précédent
Réduire la mortalité par armes de guerre
Article suivant
Gradation avec prudence
Des solutions pour le parcours de soins
Dr Agnès Ricard-Hibon (SFMU) : « Il nous faut nous adapter à l’augmentation continue de l’activité aux urgences »
Le chantier de la régulation est lancé
Une formation diplômante dès septembre
Plusieurs débats sont clos
Les outils du futur
Bien identifier les candidats à la réanimation
Réduire la mortalité par armes de guerre
Les urgentistes, aussi, s’essaient aux grands débats
Gradation avec prudence
L'impossible réduction du temps de travail
Le DES d'urgence est sur les rails
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature