Études à rallonge, difficultés pour trouver l’âme sœur, médiatisation des mères quadragénaires... Dans les pays développés comme en France, l’âge de la première grossesse est, sans cesse, repoussé. « La civilisation du jeunisme fait que les femmes se sentent encore jeunes à 40, 50 ou 60 ans. Certes, elles restent jeunes à ces âges, mais elles ne peuvent plus concevoir facilement. Le temps est l’ennemi de la fertilité féminine et les médecins se doivent de le rappeler à toutes les patientes », souligne le Dr Joëlle Belaisch-Allart.
De fait, nombreuses sont les femmes qui songent à faire un premier enfant après 35 ans, âge à partir duquel la fertilité féminine chute de façon importante. Pour celles qui rencontrent des problèmes de fertilité, c’est alors souvent le parcours du combattant : FIV à répétition sans grand succès, désillusions, puis, recours au don d’ovocytes. Pour aider les femmes dont le désir de grossesse est tardif, la solution pourrait être la conservation d’ovocytes pour « raisons sociétales ». C’est, du moins, l’avis du CNGOF. Cette méthode est, aujourd’hui, autorisée en France uniquement pour raisons médicales : cancer, endométrioses sévères, familles au sein desquelles la ménopause est précoce.
L’autoconservation d’ovocytes sous conditions
D’après le CNGOF, il ne serait pas question que toutes les femmes aient recours à l’autoconservation d’ovocytes à 25 ans. Mais que seules celles qui n’ont pas pu exaucer leur désir d’enfant vers 35 ans se voient proposer cette méthode tant que leurs ovaires travaillent encore correctement. « Ce serait tellement mieux que les femmes infertiles de la quarantaine - aujourd’hui, souvent contraintes de recourir au don d’ovocytes de femmes plus jeunes qu’elles - puissent utiliser leurs propres ovocytes qu’elles auraient mis en réserve avant 35 ans. Une FIV réalisée avec des ovocytes d’une femme de moins de 35 ans a de bien meilleures chances de réussites qu’avec des ovocytes d’une femme de 40 ans », assure le Dr Belaisch-Allart. Ainsi, un autre argument du CNGOF en faveur de l’autoconservation d’ovocytes est le coût élevé pour la société des FIV répétées et infructueuses chez les femmes de 40 ans et plus.
Mais l’avis du CNGOF ne fait pas l’unanimité. La Fédération des centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos) juge, notamment, l’autoconservation des ovocytes pour convenance personnelle « prématurée » et non « pertinente à ce jour ». Cette méthode favorisant notamment les grossesses tardives. Ce risque, le Dr Belaisch-Allart ne le nie pas. « Mais pour l’éviter, le médecin devra en discuter, au préalable, avec les patientes désirant réaliser une autoconservation d’ovocytes. Il devra aussi insister sur le fait qu’il serait bon qu’elles reprennent leurs ovocytes avant 50 ans et au mieux avant 45 ans. Car après cet âge, la grossesse comporte trop de risques, y compris de mortalité pour la mère comme pour l’enfant », précise le Dr Belaisch-Allart.
La GPA, un acte d’amour ?
Autre méthode d’aide médicale à la procréation sous le feu de l’actualité et des controverses, la gestation pour autrui (GPA) qui fait intervenir une mère porteuse reste interdite en France. Mais le Dr Belaisch-Allart y est favorable, sous certaines conditions. « Quand une femme n’a pas d’ovaire en France, on accepte de lui faire un don d’ovocytes. Mais quand une femme naît sans utérus ou se voit enlever ce dernier après une hémorragie de la délivrance, elle n’a pas le droit à la GPA, pourquoi ? Pour éviter la GPA, des greffes d’utérus sont, actuellement, en train d’être inventées alors que l’opération est dangereuse pour celle qui donne son utérus. Une femme en bonne santé peut, tout à fait, prêter son utérus à une amie ou à sa sœur, comme acte d’amour, gracieusement. Dans ce cas, on ne peut évidemment pas parler de marchandisation du corps humain ».
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