Quelle toxicité hépatique pour les traitements oncologiques ?

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Publié le 18/10/2021
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Les hépatites médicamenteuses constituent la quatrième cause la plus fréquente d’atteinte hépatique dans les pays occidentaux. La toxicité hépatique des traitements oncologiques est idiosyncrasique, c’est-à-dire qu’elle survient de façon imprévisible et n’est liée ni à la dose ni à la voie d’administration. Elle est favorisée par l’alcool, la radiothérapie, les associations thérapeutiques, la prise d’IPP avec les inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK) et parfois par un polymorphisme génétique.

Les hépatites aux traitements oncologiques sont fréquentes, avec une incidence de 30 % pour la doxorubicine, 22 % pour le cisplatine + docétaxel, 5 à 10 % pour l’immunothérapie et 25 à 35 % pour les ITK. « Elles provoquent rarement une hépatite fulminante et sont volontiers asymptomatiques ou pauci­symptomatiques, mais elles peuvent conduire à une cirrhose et compliquent la prise en charge chirurgicale ultérieure », rappelle le Dr Carole Vitellius, oncologue digestif (CHU d’Angers). Elles se traduisent par l’apparition ou l’aggravation d’une cholestase et/ou d’une cytolyse biologiques qui doivent faire écarter toutes les autres causes d’hépatites aiguë, virale, bactérienne, immunologique, toxique, par occlusion vasculaire ou obstruction des voies biliaires.

En cas d’atteinte hépatique, les ITK peuvent toutefois s’associer à des hépatites graves (stades III et IV) jusque dans 30 % des cas. Pour l’immunothérapie, les hépatites immunomédiées sont plus sévères avec les anti-CTLA4 et peuvent être graves jusque dans 20 % des cas lors de leur combinaison avec les anti-PDL1. Sous chimiothérapie, les atteintes hépatiques sont rarement graves et généralement réversibles à l’arrêt du traitement.

Le traitement oncologique est arrêté dès que l’atteinte est de sévérité de grade 2, avec la mise en place de traitements spécifiques dès le grade 3 ou 4. La question de sa reprise se pose uniquement après résolution de l’hépatite en sachant qu’il existe un risque de récidive de la toxicité hépatique surtout sous immunothérapie.


Source : lequotidiendumedecin.fr