L’arthrose est la principale indication de cure thermale (c’est celle de près d’un curiste sur deux, soit 250 000 personnes par an), et la gonarthrose une indication majeure de la crénothérapie pour cause rhumatologique. Elle est en ce sens très représentative de l’impact des cures sur l’appareil locomoteur.
Une méthodologie spécifique
Toute la difficulté pour les cures thermales était de faire la preuve de leur efficacité, les méthodologies utilisées pour les essais cliniques usuels n’étant pas applicables dans ce cas. L’Afreth (Association française pour la recherche thermale) s’est donc donné pour objectif de mettre en évidence l’intérêt des cures thermales en élaborant tout d’abord une méthodologie spécifique irréprochable, qui peut s’appliquer aussi à la kinésithérapie ou à la chirurgie, par exemple.
Parmi les diverses enquêtes qu’elle a menées, l’étude THERMARTHROSE, publiée en 2009, met en évidence des résultats très intéressants dans la gonarthrose. C’est le plus important essai contrôlé randomisé réalisé en médecine thermale. Menée dans trois centres thermaux (Aix-les-Bains, Balaruc, Dax) et financée par l’Afreth, elle devait évaluer le service médical rendu par la crénothérapie dans la gonarthrose.
Pour être inclus, les patients devaient avoir plus de 50 ans, des douleurs du genou, d’un niveau d’au moins30 sur l’EVA, et des signes radiologiques de gonarthrose. Les 462 patients ont été randomisés pour recevoir le traitement habituel (antalgiques, anti-inflammation, infiltrations articulaires) soit seul complété par un programme d’exercices, soit associé à une cure de trois semaines (bains, applications de boues, mobilisation en piscine thermominérale et massages). À 6 mois, le score de la douleur et celui de l’incapacité sont significativement améliorés, un bénéfice qui se maintient à 9 mois. « Globalement l’impact thérapeutique est multiplié par deux par rapport au traitement usuel seul, et répond tout à fait aux attentes des patients, à savoir une meilleure fonctionnalité et une meilleure qualité de vie au quotidien », insiste le Dr Michel Duprat.
Une diminution de la consommation médicamenteuse
Le traitement thermal habituel de l’arthrose repose principalement sur des pratiques de balnéation en eau thermale, l’application de boues thermales soumises à une préparation très sophistiquée, des vapeurs thermales, des douches térébenthinées, par exemple. S’y ajoutent la kinésithérapie, la gymnastique et, de plus en plus maintenant, l’éducation thérapeutique, le déconditionnement et l’intégration dans des groupes de patients. Le concept des trois cures est inexact, leur nombre dépendant de la maladie elle-même, de son stade, d’éventuelles comorbidités. On sait que la cure est efficace à moyen terme, et que plus elle freine la maladie, plus sa durée d’efficacité est longue.
La cure n’entraîne pratiquement aucun effet indésirable, et connaît peu de contre-indications en dehors d’une maladie évolutive, en particulier infectieuse. Les travaux de l’Afreth ont aussi mis en évidence une réduction de la consommation des antalgiques ou des anti-inflammatoires, ce qui n’est pas sans conséquences sur le plan de l’iatrogénie et des coûts de santé publique.
D’après un entretien avec le Dr Michel Duprat, médecin thermal, responsable du Syndicat national des médecins thermaux (Dax).
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