Un essai a comparé le protocole mFOLFIRINOX (associant acide folinique, 5-fluorouracile, irinotecan et oxaliplatine) à la gemcitabine dans le traitement de l’adénocarcinome du pancréas (90 % des cancers du pancréas) non métastatique. De 3 à 12 semaines après la chirurgie, 493 patients français et canadiens ont reçu en adjuvant pendant six mois soit l’un soit l’autre.
Près de vingt mois de survie en plus
À 33,6 mois de suivi, avec mFOLFIRINOX, la survie sans progression était augmentée de près de 9 mois (21,6 mois vs 12,8 mois sous gemcitabine ; p < 0,0001), et la survie globale de près de 20 mois (54,4 vs 35 mois ; p = 0,003). De plus, l’apparition de métastases était reculée de plus de 13 mois (temps moyen avant métastases : 30,4 vs 17 mois). Cependant, les effets secondaires sévères étaient plus nombreux (76 % vs 53 %).
« Pour la première fois, notre essai montre un large bénéfice avec la chimiothérapie adjuvante FOLFIRINOX par rapport à la chimiothérapie standard par gemcitabine, preuve que nous pouvons aider les patients ayant un cancer du pancréas à vivre plus longtemps », commente le Pr Thierry Conroy, directeur de l’Institut de cancérologie de Lorraine à Nancy, et auteur de l’étude.
La chimioradiothérapie bénéfique en néoadjuvant
Un autre essai a évalué, chez 246 patients ayant un cancer du pancréas opérable, une chimioradiothérapie néoadjuvante (préopératoire) pendant 10 semaines avant l’opération par rapport à la chirurgie d’emblée sans traitement préalable. Une chimiothérapie adjuvante était administrée dans les deux bras de l’étude (le groupe chimioradiothérapie recevait une partie de la chimiothérapie avant chirurgie et le reste après). Avec la chimioradiothérapie néoadjuvante, la survie globale atteignait 17,1 mois versus 13,7 mois en cas de chirurgie d’emblée (p = 0,074), et une amélioration significative était observée quant à la survie sans progression (9,9 vs 7,9 mois ; p = 0,023) et aux chances de survie à 2 ans (42 % vs 30 %). Dans le sous-groupe de patients opérés avec succès de leur tumeur, la survie globale était même prolongée de 25 mois grâce au traitement néoadjuvant (42,1 vs 16,8 mois). Au total, la résection tumorale a pu être réalisée chez 72 % des patients opérés d’emblée et chez 62 % de ceux traités en néoadjuvant. Néanmoins, d’après l’analyse microscopique, davantage de patients opérés ont bénéficié d’une ablation complète de la tumeur dans le bras traité par chimioradiothérapie (63 % vs 31 %).
« C’est le premier essai clinique randomisé à montrer qu’un traitement préopératoire améliore les résultats chez les patients opérables d’un cancer du pancréas précoce. Cela peut faire changer les pratiques », conclut le Pr Geertjan van Tienhoven (Amsterdam), investigateur principal de l’étude.
D'après la présentation des Pr Thierry Conroy (Nancy) et Geertjan van Tienhoven (Amsterdam)
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