Courrier des lecteurs

COVID 19 et santé publique : un rendez-vous manqué en France?

Publié le 09/10/2020

Les autorités politiques et médicales, qui ne se lassent pas de vouloir nous protéger les uns et les autres de ce virus, déploient des trésors d'imagination et de réglementation à géométrie variable. « Tester – isoler – tracer » tel serait bien le credo actuel mais…

Tester ? Tout et n’importe quoi, partout, et tout le temps… Sans parler du coût exorbitant que la pratique de ces tests à 53 € représente pour la collectivité (plus de 250 millions d'euros par mois à revoir à la hausse). Sans parler du nombre important de « faux positifs » (pour l’instant on n’avait eu droit qu’aux « faux négatifs ») dont l’impact sur leur santé et celle de leur voisin ou grand-mère est complètement nul.

Isoler ? Mais on ne sait pas très bien où et comment sans mesures liberticides et puis combien de temps finalement ?

Tracer ? Tellement laborieux et peu utilisé. Mais surtout, n'est-ce pas oublier un peu vite qu'un virus ne fait du dégât que s'il a trouvé sa « clientèle ». Les catégories de personnes à risque sont maintenant clairement identifiées : hypertension, obésité, diabète, âge conséquent. Notre virus trouve ainsi des millions d'hôtes fragilisés à rendre malades.

Hormis l'âge, ces pathologies sont des maladies dites « modernes de civilisation », directement en rapport avec le mode de vie et une alimentation déséquilibrée en macronutriments et largement déficiente en micronutriments (vitamine D et zinc pour n’en retenir que deux), indispensables à des taux élevés au bon fonctionnement du système immunitaire qui s’affole en présence du virus.

Une fois n'est pas coutume concernant le Covid, les données de la littérature, les Académies de Médecine française, allemande et la société américaine de gériatrie s'accordent sur la nécessité de complémenter immédiatement en vitamine D et à dose importante tout patient Covid positif. Quand on sait que 75 % de la population est carencée rien que dans ces deux micronutriments…

Cap sur la prévention

Plutôt que de nous apprendre à vivre en nous suspectant mutuellement d'être pestiféré, les autorités seraient bien avisées de se saisir de cette opportunité pour frapper un grand coup en direction de la prévention et de l'amélioration de ces « maladies ».

L’Angleterre, sous la houlette personnelle de son premier ministre directement impliqué dans la maladie a, elle, compris la dimension de santé publique en lançant en urgence un programme aux multiples facettes impliquant la médecine, le mode de vie et la question de la malbouffe, vendue à grand renfort de publicités, maintenant interdites, pour tenter d’améliorer rapidement l’état sanitaire de la population, et l’état financier du NHS( National Health System).

Tout un système, médical, pharmaceutique, industriel agro-alimentaire, s'accommoderait-il finalement fort bien de faire ses choux gras de ce type de maladies permettant de vendre une nourriture inappropriée, carencée, et beaucoup de boîtes de médicaments, pour traiter des maladies liées au mode de vie. Aurait-on peur en France de « stigmatiser » cette partie de la population atteinte par ces maladies : c’est fort probable : chacun jugera.

Ma question est donc simple : « Monsieur le Ministre de la Santé, vous restera-t-il quelques euros pour travailler en toute indépendance dans les directions suggérées, certes moins glorieuses pour la science médicale, et moins juteuses pour l'industrie pharmaceutique et agroalimentaire, mais peut-être plus protectrices pour les populations que vous souhaitez protéger des infections virales actuelles et à venir. »

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Dr Bernard Havaux, médecin généraliste, Brest (29)

Source : Le Quotidien du médecin