Courrier des lecteurs

Et les étudiants, alors ?

Publié le 13/10/2020

Depuis quelques mois les journalistes, ne cessent au sein des émissions de télé ou dans différents quotidiens, de mettre en avant les dangers de la COVID-19, et des problèmes inhérents à l’absence de mesures appropriées par la population française (masque, distanciation). À côté de cette problématique qui revient trop régulièrement sur le tapis, on oublie une frange de la population victime de plein fouet par cette virose : les étudiants.

Le changement de paradigme dans de nombreuses entreprises a conduit bon nombre d’entre eux à ne plus pouvoir travailler ; de nombreuses entreprises n’ayant plus recours à cette main-d’œuvre occasionnelle. Or cette manne financière était la bulle d’oxygène indispensable pour leur permettre de « survivre » durant leurs études.

Cette situation est à l’origine d’une précarité dans le domaine de la santé, mais aussi dans le domaine social de ces jeunes. C’est ainsi que j’ai dû voir dans un CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale) habituellement dédié aux SDF un étudiant qui a été mis à la porte de son logement car il ne pouvait plus payer son loyer.

Outre cette situation sociale délicate, il est venu me voir car il présentait un état dépressif sévère. Il m’expliquait que son état psychique n’avait pas interpellé ses collègues de cours, et qu’il n’avait plus les moyens d’avancer le prix d’une consultation chez un psychiatre. Au sein de l’établissement où il poursuivait ses études une entraide existait, mais les moyens financiers et humains restaient assez limités. Il a décidé, malgré des conditions de vie difficiles, de continuer ses études (avec quelques difficultés malgré tout) car il a la volonté d’avoir une place dans la Société.

J’ai pris le temps de discuter avec lui, et j’ai bien compris que la crise économique liée au COVID-19 avait conduit de nombreux étudiants à interrompre leurs études. Je lui ai montré que nous étions auprès de lui. Avec le peu de moyens alloués aux CHRS nous allions lui donner l’assurance d’avoir un toit, mais aussi une écoute pour qu’il puisse être serein.

Il est bien entendu aisé de comprendre les difficultés rencontrées par ces jeunes issus de classes sociales peu aisées, mais nous ne pouvons que comprendre ce dilemme dans les conditions actuelles ; cela afin « de survivre ».

Aussi, même si les médias ne cessent de répéter un discours centré sur uniquement sur le nombre de cas dépisté, il ne faut pas oublier que derrière les chiffres se cachent des hommes qui pour certains vivent des situations très difficiles.

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Dr Pierre Frances, Médecin généraliste, Banyuls-sur-mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin