Pour avoir été plus de 30 ans enseignant en faculté de médecine, je ne peux pas laisser dire que les étudiants en médecine sont « depuis la première année (PACES), jusqu'aux internes, négligés, méprisés, ignorés, exploités, par les responsables des études de médecine et les responsables de l'utilisation des étudiants en médecine dans les hôpitaux. Il s'agit d'un massacre délibéré (s'il est involontaire, c'est peut-être encore plus grave car démontrant une ignorance dramatique de la réalité) de ces jeunes engagés dans les études de médecine. » (cf. texte du Dr Lefrançois, « Le Quotidien » du 5 février : « Mon « j'accuse ! » contre le massacre délibéré des étudiants en médecine »)
Certes il arrive, et de moins en moins pour les internes, que certains patrons considèrent qu’ils doivent rester dans le service aux heures d’enseignement (les internes sont des étudiants de 3e cycle, et ils peuvent aussi suivre des enseignements complémentaires), mais je peux témoigner que nos étudiants étaient en général choyés, et que nous faisions notre maximum pour les aider, dans leur apprentissage bien sûr, et y compris dans leurs difficultés personnelles en lien avec la cellule sociale de leur corpo.
Si pour des raisons de concours il nous était interdit de donner des cours particuliers en PACES, nous avions organisé un tutorat gratuit pour tous par des étudiants d’années supérieures que nous avions formés.
Des propos excessifs
Quant au terme d’« utilisation des étudiants dans les hôpitaux », il sous-entend une notion d’esclavagisme que je n’ai jamais ressenti pendant mes années d’étudiant ni d’enseignant, voire de « chosisation » de l’humain.
Les stages hospitaliers sont le lieu où l’on apprend la vie en équipe, qui va de l’ASH au chef de service en passant par les étudiants hospitaliers et les internes, chacun ayant son rôle et chacun étant autant respectable, l’approche du patient et de sa famille. Tout cela demande une certaine discipline, et bien faire son travail participe au respect du patient.
Je rappelle que le statut hospitalo-universitaire fait qu’en plus de ma discipline universitaire (anatomie) j’étais praticien hospitalier et encadrais aussi des étudiants hospitaliers. Bien que retraité j’ai encore des contacts avec certains étudiants qui, tout en se souvenant des difficultés des études, gardent un souvenir de cette période de leur vie qui n’a rien à voir avec les termes « négligés, ignorés, exploités » lus dans ce libelle.
J’ajoute que j’ai du mal à comprendre dans vos forums les propos méprisants voire haineux de certains confrères envers les universitaires qui les ont formés (relire le Serment d’Hippocrate : « respectueux envers mes Maîtres… ») et les responsables de l’enseignement considérés comme incapables de former de bons médecins.
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Exergue : j’ai encore des contacts avec certains étudiants qui, tout en se souvenant des difficultés des études, gardent bon souvenir de cette période de leur vie
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