Je souhaitais faire part d'une expérience personnelle qui en dit long sur l'évolution de notre service de soins. Je suis retraité depuis plusieurs années. Le 29 janvier vers 22 heures, je reçois un coup de téléphone d'une de mes sœurs qui vit dans une toute petite commune du 91. Elle présentait brutalement une éruption très prurigineuse et qui avait tendance à s'étendre rapidement (elle est suivie pour une maladie auto immune et a des antécédents d'urticaire géant).
Elle n'a plus de médecin traitant, son "médecin de famille" est parti à la retraite sans successeur, beaucoup ne prennent plus de nouveau patient et le seul qu'elle avait fini par trouver, venu de pays de l'Est est parti sans prévenir pour une région où l'herbe est plus verte… Elle n'avait donc pu joindre personne et me demandait un conseil avant d'envisager le 15.
Je lui demande de m'envoyer une photo : le diagnostic ne fait aucun doute, rapide enquête étiologique et dans l'armoire à pharmacie rien d'utile. Dans ce contexte je lui conseille d'appeler SOS médecins qui existe à proximité. Après interrogatoire, on lui conseille d’appeler le 15, ce qu'elle fait. Au 15, nouvel interrogatoire : finalement, on lui conseille d'aller sonner chez ses voisins (il est plus de 23 heures) pour leur demander s'ils n'ont pas d'antihistaminiques (malgré l'heure, je ne suis pas en train de rêver) et sinon de rappeler SOS Médecins. SOS Médecins rappelé répondra que ce n'est pas sa zone d'intervention…
En désespoir de cause et l'éruption s'étendant, elle m'appelle, je lui dis de chercher la pharmacie de garde (il faut passer par la gendarmerie) et que je lui envoie une ordonnance par mail. Manque de chance, mon scanner refuse tout service, finalement je prends une photo de l'ordonnance et la lui adresse par MMS en lui disant qu'en cas de problème avec le pharmacien pour cette prescription pour le moins originale, il veuille bien m'appeler. Celui-ci délivre donc la prescription et en quelques heures avec corticoïdes et antihistaminiques tout rentre dans l'ordre. Malheureusement tout le monde n'a pas dans ses proches un médecin et dans ce cas, que se passe-t-il ? Que devient notre médecine ?
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr.
Le cumul emploi-retraite suscite des réactions
Quelques incivilités et tracas vécus par un généraliste durant l’été 2024
Système de soins en danger, les racines du problème, les écueils à venir
Pour que vive l’aide aux familles et entraide médicale