Infectiologie

Dépister précocement les Chlamydias

Publié le 07/10/2011
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Plus de la moitié des moins de 18 ans sont « sexuellement actifs », 10 % ont eu des relations sexuelles avant 15 ans. Plus l’âge du premier rapport est précoce, plus le nombre de partenaires est élevé. Dépister de façon large et répétée les infections à "Chlamydia trachomatis" doit faire partie de la pratique courante.
L'infection à Chlamydiae trachomatis représente aujourd'hui la première cause de stérilité...

L'infection à Chlamydiae trachomatis représente aujourd'hui la première cause de stérilité...
Crédit photo : ©PASIEKA/SPL/PHANIE

Les Chlamydias sont l'infection bactérienne sexuellement transmissible la plus fréquente. Des études récentes indiquent que 3,2 % des jeunes filles entre 18 et 25 ans, tranche d’âge où la prévalence est la plus élevée, sont porteuses de chlamydias, cette contamination pourrait atteindre 10 % dans certains départements. Chez les hommes, la prévalence maximale est entre 20 et 29 ans (6). La méthode de dépistage par PCR ou autre test d’amplification des acides nucléiques (TAAN) est simple et non agressive.

QUI DEPISTER ?

« Dépister les chlamydias, et largement, doit devenir systématique chez les jeunes compte tenu de la fréquence des formes asymptomatiques et du risque pour les filles » insiste le professeur Janier « C’est simple, on propose un test de dépistage aux femmes entre 18 et 25 ans, à renouveler annuellement en cas de changement de partenaire. S’ils ne risquent rien pour eux-mêmes, les garçons transmettent l’affection, aussi il faut demander une PCR, une fois par an. » En Angleterre cette recommandation est en vigueur depuis 2003.

-› Tous les jeunes sexuellement actifs (surtout en cas de partenaires multiples) sont exposés aux Chlamydias. Un dialogue avec ses patients sur les pratiques sexuelles et leurs risques peut avoir un réel impact préventif, il ne faut pas hésiter à communiquer sur ce sujet, même si ce n’est pas toujours simple.

-› Les garçons ont des symptômes dans 50 % des cas seulement (écoulement urétral séreux peu abondant, gêne urétrale, brulures mictionnelles).

-› L'infection chez les jeunes filles passe totalement inaperçue dans environ 70 % des cas, se traduisant par une cervicite asymptomatique. Cette pauvreté de symptômes pose un réel problème car l’extension de la bactérie aux voies génitales hautes (salpingite) est dangereuse pour la fécondité féminine ; les Chlamydias sont l’étiologie principale des infertilités tubaires dans les pays industrialisés (1).

-› Les personnes atteintes étant le plus souvent asymptomatiques, elles transmettent de ce fait l’infection à leurs partenaires sexuels.

Il faut retenir que toute modification des sécrétions vaginales doit être considérée comme suspecte en cas de rapport sexuel non protégé.

LE DÉPISTAGE EST TRÈS SIMPLE

La méthode diagnostique de choix est la recherche de la bactérie par PCR :

-› « Chez l’homme la recherche de chlamydia se fait sur le premier jet urinaire, le prélèvement urétral étant douloureux et mal supporté. », sans miction dans les deux heures précédentes.

« Chez la femme, le dépistage est réalisé à partir d’un auto prélèvement vulvo-vaginal effectué par elle-même, à son domicile, à l'aide d'un kit d’utilisation très facile fourni par le laboratoire. Cet auto-écouvillonnage évite le prélèvement au laboratoire mal vécu par les jeunes filles. » Le médecin peut demander à son laboratoire proche de lui founir des kits d’auto-écouvillonage pour recherche de Chlamydiae qu’il remet alors lui même à la personne avec une ordonnance spécifiant « recherche de Chlamydiae par PCR ». Une recherche sur le premier jet urinaire est aussi possible chez la femme mais sa fiabilité est moindre.

-› Chez les homosexuels, il est recommandé de pratiquer un écouvillonnage anal qui peut être réalisé par le patient lui-même et un écouvillonnage pharyngé.

La demande de sérologie de Chlamydiae doit être totalement abandonnée, elle n’est ni sensible ni spécifique (4).

Toute découverte d'une IST justifie la recherche d'une autre IST ; une co-infection est fréquente (3).

PRIVILÉGIER LE TRAITEMENT MINUTE

Le traitement est dit « minute » c’est-à-dire en monodose (sauf dans les cas de formes disséminées (salpingite, orchi-épididymite, arthrite…). Ce traitement, simple et efficace dans 95 % des cas, consiste en :

- azithromycine: 1 g en une monodose,

- ou doxycycline : 200 mg/jour en deux prises par voie orale pendant 7 jours (2).

-› On ne le rappelle jamais trop : traiter le ou les partenaires est impératif. Il est préférable qu’ils fassent aussi une recherche par PCR mais il faut traiter dans tous les cas. Le traitement est identique.

Après une infection à Chlamydia, les rapports sexuels doivent être protégés (utilisation de préservatifs) pendant 7 jours après un traitement en dose unique ou jusqu'à la fin d'un traitement en plusieurs prises (5).

Un contrôle à 3 mois par PCR à trois mois est precrit.

Et l’on n’oubliera pas de rappeler que la prévention des IST repose avant tout sur l’usage du préservatif.

Dr Catherine Freydt (rédactrice, fmc@legeneraliste.fr) sous la direction scientifique du Pr Michel Janier, Pr Michel Janier, directeur du Centre clinique et biologique des maladies sexuellement transmissibles, hôpital Saint-Louis, 1 avenue Claude-Vellefau

Source : lequotidiendumedecin.fr