La psychiatrie est une des spécialités les plus en déshérence, s’alarment les professionnels qui constatent un « embouteillage » de patients qui arrivent à l’hôpital. « Nous sommes traversés par différentes crises, administratives avec une vague de certificats demandés aux praticiens, les maux de la société engendrés par la radicalisation, la précarité, la migration avec des pathologies mentales très complexes », analyse la Dr Rachel Bocher, psychiatre au CHU de Nantes et présidente de l’INPH.
Attractivité psychiatrique faible
Au 1er janvier 2024, 5 160 praticiens hospitaliers sont titulaires de la spécialité psychiatrie, selon le Centre national de gestion (CNG). Ce chiffre ne prend pas en compte les praticiens contractuels qui viennent s’ajouter et pour lesquels le CNG ne dispose pas du nombre. De plus, le Centre ne communique pas plus le nombre de postes vacants depuis quelques années.
En réalité, 2 000 psychiatres exerceraient réellement à l’hôpital public, dont certains à temps partiel, selon la présidente de l’INPH. Sur environ 11 000 praticiens en France, 5 000 sont libéraux. La vacance statutaire s’élèverait à 40 %, selon Rachel Bocher, pour qui un certain nombre de postes sont occupés par des stagiaires associés et des généralistes. Les médecins en cumul emploi retraite sont trop rares dans les établissements pour combler le manque de praticiens, déplore-t-elle.
Du côté de la relève, les derniers chiffres connus pour les internes remontent à 2021 : alors qu’il n’y avait aucun poste vacant en 2011, 13,2 % des postes l’étaient en 2021, alors que le chiffre a culminé à 17,5 % en 2019. En 2023-2024, 553 postes ont été offerts, soit 13 de plus qu’en 2022.
Pas mieux chez les paramédicaux
La situation chez les paramédicaux n’est pas meilleure, avec une accentuation de la pénurie depuis la crise sanitaire : 62 000 infirmiers exerçaient en 1997, ils n’étaient plus que 55 600 en 2023. Quant aux infirmiers en pratiques avancées, Catherine Vautrin, alors ministre de la Santé, en recensait 318 sur 3 817 diplômés en 2024. Certes un remède à la pénurie médicale mais encore très insuffisamment développé.
En 2024, les syndicats hospitaliers réclament une revalorisation globale d’un milliard d’euros pour la psychiatrie, pédopsychiatrie comprise ainsi qu’une revalorisation substantielle des jeunes contractuels. Les acteurs du secteur attendent des gestes significatifs.
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