Hôpital : statut, carrière et pouvoir des praticiens dépoussiérés

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Publié le 18/09/2018

Le plan « Ma santé 2022 » présenté ce mardi par Emmanuel Macron puis Agnès Buzyn donne un coup de pied dans la fourmilière hospitalière en modernisant les modes d'exercice dans les établissements de santé publics, afin de les rendre plus attractifs et apaiser le malaise grandissant du secteur. 

Simplification : c'est le leitmotiv des mesures proposées en matières d'attractivité des carrières à l'hôpital, à commencer par la création d'un statut unique de PH, revendication ancienne de plusieurs syndicats médicaux. L'objectif ? Clarifier mais aussi diversifier les missions en ouvrant la possibilité d'un exercice mixte. Les médecins pourront ainsi cumuler une activité hospitalière et une activité libérale « intra ou extra-hospitalière ». La reconnaissance de la pratique non clinique (enseignement, recherche et démarches institutionnelles) est également dans les tuyaux. Une mesure déjà proposée par Marisol Touraine en 2016 dans son plan attractivité mais qui n'avait jamais vu le jour. « Dans dix ans, tous les médecins auront un exercice mixte », entend-on au cabinet de l'Élysée.

Simplification toujours, la création d'un contrat unique pour l'emploi contractuel est officialisée. Il vise à fluidifier les recrutements au sein des établissements en leur offrant « souplesse et réactivité », indique le ministère. Entre les lignes, on peut y lire une volonté de limiter le recours aux médecins intérimaires dans les services en tension, qualifiés sans détour de « mercenaires [...] payés 2 000 euros par jour » par Agnès Buzyn elle-même devant la représentation nationale.

Dans le même temps, le concours de PH sera supprimé afin de casser les barrières en entrée de carrière. Une disposition qui devrait séduire les hôpitaux locaux, particulièrement dépendants dans leur fonctionnement des généralistes de ville, attirés pour certains par le salariat à temps plein ou partiel, mais découragés par l'obligation de concours. Des mesures d'attractivité et de diversification des modes d'exercice sont également prévues à destination des paramédicaux.

Le service retrouve des couleurs

Côté managérial, le plan prévoit une petite révolution. Les services hospitaliers prennent le pas sur les pôles, hier sanctuarisés par la loi HPST. Ils doivent « redevenir l'entité au sein de laquelle l'équipe de soins se constitue », indique l'exécutif. Le management des équipes médicales se fera au sein des services, dont le rôle de « collectif » est mis en avant. Les projets d'amélioration de la qualité pourront faire l'objet d'un intéressement financier. La chefferie sera valorisée par la création d'une indemnité ad hoc

Autre réforme : la création de commissions médicales d'établissement (CME) à l'échelle des groupements hospitaliers de territoire (GHT). L'ambition est de renforcer la participation des médecins à la gouvernance en élargissant les compétences des CME. Au menu : « renforcement des prérogatives concernant la politique de formation médicale, participation à la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, responsabilité de la mise en œuvre d'un projet social et managérial médical ». Des moyens matériels et un appui logistique seront alloués au président de la CME et à son bureau. 

Si le gouvernement est favorable à une redistribution des cartes de la gouvernance, il garde en tête les cas de harcèlement moral à l'hôpital qui peuvent impliquer des chefs de service, font ressortir le spectre du mandarinat et contribuent à la dégradation des conditions de travail à l'hôpital. Aussi, la nomination d'un médecin au renouvellement d'une chefferie ne pourra se faire sans l'implication des équipes en poste.  

 


Source : lequotidiendumedecin.fr