Vingt-cinq urgentistes du CHU de Toulouse avaient annoncé jeudi dans un courrier qu'ils allaient démissionner en bloc de leur fonction, excédés par le manque de moyens pour les services d'urgence. « Exercer ce métier difficile, dans des conditions épouvantables et indignes pour les patients : c’est non », écrivaient-ils dans un courrier adressé à l'agence régionale de santé (ARS) Occitanie et à la direction du CHU. « C’est pourquoi nous choisissons de quitter nos fonctions dans une institution où la seule de nos revendications, celle de la sécurité de nos patients, est traitée avec le plus grand mépris », peut-on lire.
L’ARS débloque 600 000 euros
Le coup de colère semble avoir payé. Vingt-quatre heures après la menace de démission collective des 25 (sur 90) urgentistes du pôle médecine d’urgence du CHU de Toulouse et du SAMU 31, l’ARS a annoncé des moyens humains supplémentaires.
Pour le Pr Vincent Bounes, responsable du SAMU 31, c’est un soulagement. Il a appelé les urgentistes un par un qui, selon lui, ne démissionneront pas. « Cette colère je la voyais venir depuis quelque temps, les équipes sont fatiguées, elles ont vécu, du point de vue des moyens alloués, une espèce de parenthèse enchantée pendant la crise sanitaire, et pour beaucoup, l’arrêt des renforts humains et le retour à la réalité ont été très mal vécus », décrit le médecin. Il a perçu dans la menace de démission de ses confrères, « beaucoup de virulence et de revendication mais aussi de la souffrance. Ceux qui menaçaient de démissionner n’allaient pas bien, ce qu’ils voulaient c’était des lignes de garde pour bien soigner les gens. »
Une demande de moyens qui semble enfin avoir été entendue par l’ARS avec l’annonce de la création d’une quatrième ligne de SMUR pour un budget de 600 000 euros jusqu’à la fin de l’année.
Le dispositif se traduirait par l’embauche d’une vingtaine de personnes dont six urgentistes, six infirmiers et dix généralistes en appui d’ici à octobre prochain. « Avec ces embauches, nous allons passer de trois équipes actuellement à sept équipes. Le SAMU 31 sera enfin calibré pour répondre aux besoins du territoire toulousain, qui indéniablement a grandi beaucoup plus vite que son tissu sanitaire. C’est le résultat de 15 ans de bagarre lancée par mon prédécesseur », constate Vincent Bounes.
La situation évoluera sans doute l’année prochaine lorsque le modèle de financement des services d’urgences et SMUR sera réformé. « Ils prendront en compte la dotation populationnelle des territoires à hauteur de 60 %, l’activité à hauteur de 38 % et la qualité de 2 %. Mais quoi qu’il en soit, les financements alloués aujourd’hui ne pourront pas être remis en question », assure Benoit Ricaut-Larose le directeur adjoint premiers recours à l’ARS Occitanie.
Sans attendre, le système de véhicule léger de médecine générale (VLMG) initié pendant le COVID devrait être pérennisé au SAMU 31. « D’ici au 15 septembre, nous trouverons les moyens financiers et les modalités pour installer durablement ce dispositif, avance Benoit Ricaut-Larose, et pourquoi pas en s’appuyant sur des généralistes volants dans des maisons médicales de garde ».
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