Ce qu'en pensent professionnels et militants

Publié le 04/06/2018
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Victimes de leur succès

« Les urgences sont victimes de leur succès. Elles sont la seule solution pour les patients qui n'ont accès à aucune autre ressource médicale. Nous sommes favorables à une gradation des services d'urgences avec une organisation en réseaux de soins et une régulation médicale forte, en partenariat avec les médecins généralistes. Mais pas question de remettre en question la couverture d'accès à moins de 30 minutes ! Il faut donc sécuriser l'urgence vitale et l'accès aux équipes SMUR et SAMU. » Dr Agnès Ricard-Hibon (Présidente de la Société française de médecine d'urgence (SFMU))

À chaque situation, sa solution

« Sur la fermeture de certains services d'urgences, on ne peut pas avoir une logique nationale uniciste, il faut étudier chaque situation territoriale : l'offre de soins ambulatoires, la présence d'une maison médicale de garde, la fréquentation… Cela dépend de beaucoup de facteurs. Le recours excessif à l'intérim est un indicateur d'alerte, d'un problème d'activité. Si c'est un appui ponctuel avec des contrats de courte durée, il est légitime ; s'il s'agit de faire tourner un service d'urgences avec 80 % d'intérimaires, il ne l'est pas. » Dr Olivier Véran (Député LREM, rapporteur général de la commission des affaires sociales).

« Filière debout » et « zone attente-départ »

« Aux urgences de Nantes, nous étions toujours rattrapés par la hausse de la fréquentation, malgré des travaux d'agrandissement. C’est l’évolution des organisations qui dicte l’évolution architecturale, pas l’inverse. Nous avons créé une « filière debout » pour les patients qui n’ont pas besoin d’être alités. Nous avons aussi ouvert une « zone attente-départ » où l’on installe ceux en attente de prise en charge par un service de l’hôpital. Nous avons réussi à réduire drastiquement le nombre de brancards dans les couloirs. » Pr Gilles Potel (Ancien chef des urgences du CHU de Nantes).

Inadmissibles fermetures

« Aujourd'hui, un quart de la population renonce déjà à se soigner pour des raisons financières. On leur rajoute l'éloignement géographique ! Comment les décideurs politiques peuvent-ils prendre de telles mesures de fermeture ? C'est inadmissible. Il faut arrêter de nous faire croire que toutes les réformes accumulées ces dernières années sont faites pour améliorer l'accès aux soins. À Guingamp, à Caen, les élus de tout bord nous témoignent de leur grande défiance vis-à-vis des projets régionaux de santé en cours. L'urgence sanitaire est à nos portes. » Hélène Derrien (Présidente de la Coordination nationale de défense des hôpitaux de proximité).

Consultations de soins non programmées

« Il faut que les petits hôpitaux, les maisons et les centres de santé ouvrent des consultations de soins non programmés au tarif opposable. Les médecins, payés à l’acte, pourraient y être rémunérés quatre consultations de l’heure, même s’il n’y a personne. Mais pour que cela soit efficace, il faut que ces centres aient des équipements de biologie et d’imagerie médicale. Cela permettra d’assurer 80 % de la bobologie et des consultations non programmées. Il n’y a qu’en France où les médecins ne font rien d’autre que signer des ordonnances dans leur cabinet. » Pr Guy Vallancien (Chirurgien, urologue et membre de l’Académie de médecine).


Source : Le Quotidien du médecin: 9670