Le point de vue de Rodolphe Bourret* et du Dr Bernard Castells**

Valenciennes-Hainaut-Cambrésis : des ambitions et des résultats

Publié le 24/02/2020

A Valenciennes, l'hôpital de la ville est la tête de pont d'un GHT comprenant 12 établissements. Son directeur général et le responsable du projet médical de ce groupement jugent le bilan positif, tant en termes de coordination, de mutualisation des moyens et de complémentarité entre services. Et la dynamique a profité aussi aux liens avec la ville et les usagers se sont aussi renforcés, assurent-ils.

Crédit photo : DR

La dynamique du Groupement Hospitalier de Territoire du Hainaut-Cambrésis est conforme à l’esprit des lois HPST (2009), LMSS (2016) et Ma santé 2022. Territoire et santé en sont les objectifs majeurs avec pour corollaire les coopérations entre acteurs publics, privés et territoriaux.

Pour les douze hôpitaux du GHT Hainaut-Cambrésis le projet médical partagé conditionne l’organisation des soins en misant notamment sur la prise en compte des indicateurs sanitaires du territoire, la consolidation et le renforcement des prises en charge par zone de proximité (ZP) et la définition des parcours prioritaires combinant des réponses médicales, paramédicales, mais aussi médico-sociales et sociales.

Des parcours de soins redéfinis

Pour les prises en charges des patients, ils ont défini ensemble des parcours prioritaires gradués, organisés et coordonnés par grands champs de pathologie, en prise directe avec les données épidémiologiques du territoire, qui concernent entre autres : la prévention et la prise en charge des cancers, des risques cardio-vasculaires, des addictions et les troubles du comportement alimentaire, les pathologies de la femme, de l’enfant et des personnes âgées.

Les collaborations et coopérations multiples entre soignants publics et privés qui, au fil des années, ont vu le jour sur les différents bassins, sont poursuivies et renforcées, en particulier en cancérologie avec les filières chirurgicales et oncologiques. Cela va jusqu’à l’intégration des praticiens privés au sein des spécialités chirurgicales et médicales à l’hôpital (Denain, Le Cateau, Maubeuge, Saint Amand, Cambrai, …) permettant de maintenir ou proposer des activités menacées ou les introduire quand elles font défaut. Ces échanges avec la médecine de ville sont renforcés par l’intermédiaire des EPU et des réunions de concertation pluridisciplinaires.

Les usagers sont associés en qualité de co-concepteurs des parcours. Cette intégration s’exprime par exemple à travers la coopération instaurée avec l’école de design et le CHU de Nantes.

La mutualisation des moyens a donné naissance à un projet commun de gestion qui s’exprime notamment par la coordination des plateaux d’Imagerie Médicale (PIMM), de biologie avec le même système informatique de gestion (SIL), et le déploiement de la Pharmacie clinique. Par ailleurs le Système d’Information, les achats, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) sont largement partagés par les établissements adhérents du GHT.

Sortir de la culture de concurrence

Au-delà des accords entre soignants sur les parcours gradués de territoire, l’accélération de la transformation numérique est un aspect majeur qui facilite le partage et l’échange des informations entre l’ensemble des acteurs pour la coordination des prises en charge fluidifiée. Les services numériques, via le portail ville hôpital, facilitent les liens avec la médecine de ville et les usagers et favorisent la convergence et les échanges vers le niveau régional. Cela se traduit aussi par la réalisation d’un « Data Lake Territorial » de type multi cloud – multi services en lien avec le projet régional Prédice et la plateforme nationale Health data Hub.

Gérer la production de données de manière structurée et cohérente (IA sémantique) permet l’introduction et le développement des usages de l’intelligence artificielle (IA). Cela dans le but d’accélérer la performance des organisations : sécurisation du PMSI, prédiction des flux des urgences et de la nature des séjours, optimisation de la gestion des rendez-vous et des parcours de soins, analyse de l’imagerie médicale, développement de la pharmacie clinique (PharmIA). À terme, et grâce à cette transformation numérique, les liens et les échanges entre acteurs de santé et du secteur social vont sécuriser et favoriser le maintien et le suivi à domicile.

En près de trois ans d’existence, les avancées du GHT Hainaut-Cambrésis sont visibles mais insuffisantes compte tenu des besoins. Les organisations n’ont pas atteint le degré de maturité suffisant pour aller plus loin et prendre en compte le service au public dès la proximité. Par le réaménagement de la T2A il est impératif de sortir de la culture de concurrence entre les tous les types d’acteurs. Par la révision de la gouvernance l’évolution du rôle de l’hôpital support doit être reconsidérée pour être adapté aux besoins en termes de compétences y compris les ressources médicales, de gestion de moyens, de coordination et de hiérarchisation des décisions de gestion. Enfin, par la formalisation et le respect de la contractualisation, le rôle de coordination en proximité public/privé de l’ARS doit être formellement précisé.

Rodolphe Bourret, Directeur Général du CH de Valenciennes et le Dr Bernard Castells, Responsable du projet médical partagé du GHT

Source : Le Quotidien du médecin