En tirant au sort. C’est comme cela qu’Alaedine Benani a choisi entre les deux cursus qui l’intéressaient après le lycée : la médecine ou les études d’ingénieur. Il a lancé une carte en l’air, et le destin l’a envoyé en médecine. Le jeune homme, alors perpignanais, s’est conformé aux décisions de la Providence, et il s’est inscrit à la fac de médecine de Toulouse. Mais il n’en a pas oublié ses premières envies pour autant. Car s’il est aujourd’hui interne en médecine vasculaire à l’hôpital européen Georges-Pompidou (AP–HP), il se verrait bien exercer à l’interface entre trois mondes : celui de sa spécialité, celui de la recherche, et celui de l’entreprise.
Lorsqu'on lui demande pourquoi il a choisi la médecine, sa réponse est claire : « Ce n’était pas du tout une vocation. Je veux apporter un impact positif sur la vie des gens, et la médecine le permet, on passe notre temps à essayer de régler des problèmes importants pour tous ceux qui viennent nous voir. Mais on peut aussi le faire en étant ingénieur et en créant de nouvelles choses, en étant dans la banque et en finançant des projets… Moi, j’ai choisi la santé, tout simplement. »
Double cursus médecine-sciences
Reste que dès le premier cours de deuxième année de médecine, le jeune homme a compris une chose : « Les enseignements théoriques de médecine ne me passionnaient pas », se souvient-il. Alors quand à l’issue de ce cours, le professeur parle de l’école de l’Inserm qui permet de faire un double cursus médecine-sciences, il n’hésite pas. Il postule, et est reçu. Le voilà donc parti pour une vie étudiante dédoublée, avec notamment une année de pause entre la troisième et la quatrième année de médecine pour faire un master 2 sur l’intelligence artificielle à Polytechnique et HEC.
« Je suis depuis toujours intéressé par l’informatique, explique-t-il. Et je reste convaincu qu’il existe un énorme écart entre l’état de la science informatique et l’usage qu’on en fait : il y a un potentiel d’amélioration de la vie des patients et des médecins que l’on n’exploite pas assez. » Alaedine n’a d’ailleurs pas attendu d’être diplômé pour exploiter ce genre de potentiel. Il est notamment le cofondateur de la plateforme Freecn.io. « C’est une plateforme en ligne gratuite sur laquelle les étudiants en médecine peuvent gratuitement s’entraîner au concours de l’internat », précise-t-il.
La médecine vasculaire, spécialité à impact
Quand après ce double cursus est arrivée l’heure de choisir une spécialité, cette fois-ci, Alaedine n’a pas eu besoin de s’en remettre au tirage au sort. Sa décision était toute prise : ce serait la médecine vasculaire. « Les pathologies vasculaires sont la première cause de morbidité et de mortalité en France et dans le monde », explique-t-il. Fidèle à sa ligne de conduite qui le conduit vers ce qui peut avoir le plus grand impact sur la vie des gens, il savait que c’était vers là qu’il devait s’orienter. Et pour ne rien gâcher, cette spécialité, par la grande variété de thématiques qu’elle offre, est de nature à combler sa curiosité.
« Les vaisseaux, les artères, la microcirculation, le système lymphatique, c’est par là que tout passe, s’enthousiasme-t-il. Un grand nombre de pathologies s’y rattachent, que l’on parle de maladies cardiaques, neurologiques, de cancers… » Et comme le jeune homme a de la suite dans les idées, il a aussi identifié des ponts entre sa spécialité et son tropisme technologique. « Les potentiels d’application de l’intelligence artificielle sont très importants en médecine vasculaire, par exemple en imagerie, pour l’identification et la prévention des facteurs de risque », note-t-il.
Parcours hospitalo-universitaire
Avec un tel démarrage dans la carrière médicale, on peine à imaginer Alaedine en dehors d’un parcours hospitalo-universitaire. Mais pour lui, il ne s’agit pas d’une fin en soi. « Je veux faire de la recherche, sans forcément m’attacher aux titres de chef de clinique, maître de conférences ou professeur des universités, indique-t-il. Ce qui m’intéresse, c’est d’être dans une spécialité où tout est à construire, et où le potentiel d’amélioration est infini. » D’ailleurs, idéalement, le jeune médecin se verrait bien à l’interface entre trois mondes : celui de l’hôpital, de la recherche et de l’entreprise. « Il est dommage qu’il soit en France tabou de parler de start-up à l’hôpital, le monde de l’entreprise a une force de frappe qui peut beaucoup aider les médecins et les patients », regrette-t-il.
Et se voit-il partir à l’étranger ? « Quand on veut faire de la recherche, de l’innovation, c’est toujours important de voir ce qui se fait ailleurs, surtout en médecine vasculaire, car la spécialité n’existe pas en tant que telle partout, il y a donc d’autres manières de faire », remarque-t-il. Mais à terme, Alaedine se voit vivre et travailler en France. Reste à savoir si le pays saura le garder.
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